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Jeunes diplômés : fort risque d'embouteillage sur la route du premier emploi

12 mois après avoir obtenu leur diplôme, 6 diplômés sur 10 de la promotion 2019 sont en emploi, en forte baisse par rapport aux promos précédentes. Et ce chiffre ne devrait pas s'améliorer pour les promotions 2020 et 2021.

Les jeunes diplômés de la promo 2019 qui ne sont pas en emploi se voient désormais en concurrence avec ceux de 2020... et bientôt ceux de 2021.
Les jeunes diplômés de la promo 2019 qui ne sont pas en emploi se voient désormais en concurrence avec ceux de 2020... et bientôt ceux de 2021. (iStock)

Par Alain Ruello, Florent Vairet

Publié le 7 mai 2021 à 06:14Mis à jour le 13 févr. 2023 à 16:18

Après le baromètre de Pôle emploi, celui de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec). Avec plus de 2,7 millions de projets de recrutement cette année, le premier, publié mardi, dessine des perspectives plutôt optimistes pour le marché du travail, malgré la crise sanitaire. Le second, publié ce jeudi, montre que les cadres ne seront pas oubliés, mais les plus jeunes d'entre eux ne sont pas sortis d'affaire, malgré la panoplie d'aides du plan « 1 jeune 1 solution » .

Pour 2021, les cadres débutants semblent pourtant bénéficier d'un climat plus favorable que l'an passé, avec une progression de 13 % des intentions de recrutements sur les profils ayant moins d'un an d'expérience. Ce signal encourageant ne suffit malheureusement pas à rattraper la chute de 26 % des recrutements de cadres débutants enregistrée en 2020. Ainsi, en 2021, le volume de recrutements de jeunes diplômés sur des postes cadres resterait inférieur de 16 % à son niveau de 2019, au moment où les recrutements étaient au plus haut.

Désormais, il y a bel et bien un embouteillage qui s'annonce sur le marché du travail, s'alarme l'Apec. Un an après avoir été diplômés (promo 2020), 69 % des Bac+5 ou plus étaient en emploi, soit 16 points de moins que la promotion précédente, avec toutefois des différences selon la discipline.

La qualité de leur emploi s'est dégradée avec moins de six sur dix en CDI (59 %, -10 points sur un an). Nombre d'entre eux ont dû accepter des conditions moins favorables, salariales notamment (31.000 euros par an vs. 32.000 euros l'année dernière). Toutefois, les diplômés d'un master de la promotion 2019 occupent dans la même proportion (58 %) que leurs aînées un emploi avec le statut de cadre, « ce qui signifie qu'il n'y a pas eu de déclassement pour cette promotion », souligne Gilles Gateau, directeur général de l'Apec. Les Bac +3/4 connaissent un sort comparable.

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Prime à l'embauche

Malgré un climat un peu plus favorable anticipé cette année pour les cadres de moins d'un an d'expérience, ceux de la promotion 2019 qui cherchent encore un emploi (30 %) vont se trouver en concurrence avec leurs suivants de 2020 déjà arrivés sur le marché du travail. Sans oublier ceux de 2021 qui ne vont pas tarder à y entrer, pointe l'Apec.

Logiquement le niveau d'inquiétude des jeunes diplômés est au plus haut. In fine, « cela va être encore plus dur pour la promo 2020 car ils ont été diplômés en pleine crise alors qu'une partie de la promo 2019 a pu commencer à s'insérer avant le premier confinement, pointe Gilles Gateau qui s'attend à ce que les prochains chiffres d'insertion soient moins bons que ceux de la promo 2019. Et pour cause, les difficultés d'insertion devraient rester fortes. « Même s'il y aura plus d'embauches, elles seront davantage pour les cadres plus expérimentés », rappelle-t-il.

Le gouvernement, qui a décidé que la prime de 4.000 euros maximum pour l'embauche de jeunes de moins de 26 ans en CDI ou CDD d'au moins trois mois s'arrêtera fin mai , va-t-il être obligé de jouer les prolongations ? Interrogé sur ce point jeudi, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux , s'y est dit favorable sans hésitation.

Taux d'insertion et d'emploi des jeunes diplômés selon leur promotion

Taux d'insertion et d'emploi des jeunes diplômés selon leur promotionApec, 2021

Pour ce qui est de l'opération « Objectif 1er emploi », l'une des mesures du plan « 1 jeune 1 solution » du gouvernement, il est très probable en revanche que le conseil d'administration de l'Apec décide de la reconduire. L'objectif de 50.000 jeunes qui en ont bénéficié sera atteint sans problème à l'été.

Les cadres ont sauvé les meubles

Réalisée entre janvier et mars auprès de 8.000 entreprises, cette enquête de l'Apec montre que les embauches de cadres (tous âges confondus) ont sauvé les meubles l'année dernière. Leur nombre n'a chuté « que » de 20 %, à 228.700, soit deux fois moins que ce qui était anticipé à l'automne dernier . Une baisse somme toute comparable à celles des grandes crises du passé, relativise l'Association.

Si le pire a été évité, le chemin perdu ne va pas être rattrapé rapidement. L'Apec s'attend bien à un rebond en 2021 avec 247.000 postes à pourvoir en CDI ou CDD d'au moins un an, soit une hausse de 8 % par rapport à 2020, mais un recul de 12 % par rapport à 2019, année record il est vrai.

Les traditionnelles locomotives des recrutements resteront les mêmes : l'informatique, le conseil, la comptabilité, devant la construction, les équipements électriques et électroniques, la chimie ou encore la santé. Sans surprise, l'hôtellerie-restauration, l'aéronautique ou l'automobile, resteront en retrait pour la seconde année de suite.

Alain Ruello avec Florent Vairet

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