Ne leur demandez pas s’ils sont « contre » la campagne d’autotests. Les proviseurs de lycée l’ont réclamée, attendue… Mais alors que ces autotests doivent commencer à être distribués aux lycéens, lundi 10 mai, l’« opération patine », selon de nombreux chefs d’établissement. De Paris à Marseille, de Nantes à Grenoble, même constat : il sera difficile de tenir le calendrier.
Et pour cause : les autotests ne sont pas arrivés partout. « La situation est disparate d’une académie à l’autre », rapportait, à la veille du week-end, Philippe Vincent, porte-parole du SNPDEN-UNSA, syndicat majoritaire parmi les personnels de direction. Son lycée à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) n’avait reçu, vendredi 7 mai, aucun dispositif de dépistage à proposer aux élèves. Pour les enseignants, c’est mieux : « Les livraisons ont démarré plus tôt, constate-t-il, mais elles couvrent rarement, à ce stade et avant un réassort promis par l’éducation nationale, plus de la moitié des besoins. » Dans son lycée, qui compte 260 personnels (enseignants et autres), 169 autotests ont été réceptionnés.
Le 5 mai, SNPDEN-UNSA, SGEN-CFDT et ID-FO ont signé un communiqué commun valant « avertissement » : ils conseillent « très fortement » à leurs adhérents de ne prendre « aucun risque » avec les opérations de dépistage, y lit-on, pour ne les réaliser que « si toutes et uniquement toutes les conditions sont remplies au regard des préconisations sanitaires ».
« Notre priorité, ce doit être le bac »
Or « les lycées ne sont pas prêts, prévient Sylvie Perron, du SGEN-CFDT, et ceux du sud de la France ont plus de mal à être livrés que dans le Nord. » Constat peu différent de Franck Antraccoli, leur homologue du syndicat ID-FO : « Les colis arrivent… tout doucement, note ce proviseur à Nantes. Avec une semaine de deux jours et demi devant nous [du fait du pont de l’Ascension], je vois mal comment il pourrait se passer grand-chose avant le lundi 17 mai. » A cette date, il restera à peine un mois de cours dans les lycées, bon nombre d’entre eux envisageant de sonner la fin de l’année scolaire plus tôt que prévu – à une semaine des épreuves du bac, pour éviter aux élèves d’être « cas contacts ».
Au total, 60 millions d’autotests ont été promis au monde enseignant d’ici à l’été, les professeurs volontaires du secondaire comme du primaire peuvent se dépister chez eux, à raison de deux autotests par semaine fournis gratuitement. Pour les lycéens, il est en revanche prévu qu’ils se prêtent à l’exercice – sous autorisation préalable des familles – une fois par semaine, au sein de leur établissement.
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