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Sciences Po Grenoble : un rapport administratif sans concession

L’inspection générale de l’éducation établit qu’un « conflit disproportionné » a résulté d’erreurs d’appréciation, de maladresses, et de fautes de la part de tous les acteurs de l’institut d’études politique.

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Publié le 09 mai 2021 à 21h01

Temps de Lecture 4 min.

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C’est un rapport précis et sévère qui dépeint un institut d’études politiques (IEP) en pleine crise, que l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igésr) a remis, vendredi 7 mai, à la ministre de l’enseignement supérieur. Après le collage, le 4 mars, d’affiches accusant nommément deux enseignants « d’islamophobie » et de « fascisme », et diffusées sur les réseaux sociaux par des étudiants, Frédérique Vidal avait missionné deux inspecteurs afin d’établir les responsabilités et de « contribuer à rétablir la sérénité au sein de l’IEP » de Grenoble. Après la publication du rapport, la ministre s’est prononcée pour une sanction des étudiants concernés dans un entretien au Figaro, samedi 8 mai.

Alors que l’enquête de police est toujours en cours pour déterminer l’identité des poseurs d’affiches, ce rapport administratif relate, lui, un récit précis d’une controverse qui a pour origine les conditions de préparation, à distance, en novembre 2020, d’une « semaine pour l’égalité et la lutte contre les discriminations » prévue un mois plus tard. Dans l’un des groupes de travail associant huit étudiants et deux professeurs, un échange de mails « au ton virulent » a opposé un enseignant d’allemand (M. A.) qui constestait la légitimité de la notion d’« islamophobie » et sa mise sur le même pied que les notions de racisme et d’antisémitisme dans l’intitulé d’un débat, et une enseignante en histoire (Mme C.) qui affirmait que la notion d’islamophobie est « devenue évidente dans les sciences sociales », rapporte l’Igésr.

Informée de l’incident, la directrice de l’IEP, Sabine Saurugger, a « rappelé oralement » M. A au devoir de respect d’autrui et lui a enjoint de « présenter ses excuses à sa collègue blessée par la virulence de ses messages, ce que M. A fera par deux fois, le 4 et le 16 décembre », indique le rapport. Mais les choses ne feront que s’envenimer, avec l’intervention de deux autres enseignants : l’un prenant la défense de M. A par mail et l’autre rédigeant un communiqué au nom de l’ensemble du laboratoire de sciences sociales qu’elle dirige (Pacte) pour dénoncer de la part de M. A « une forme de harcèlement et une atteinte morale violente » à l’encontre de Mme C.

Action disciplinaire contre les élus étudiants

L’affaire prendra un tour dramatique le 9 janvier, lorsque les élus étudiants de l’union syndicale (US) s’emparent de la polémique en demandant dans un mail à la directrice de l’IEP de « statuer sur [le] cas [de M. A] » et de « prendre des mesures pour lutter contre l’islamophobie dans l’établissement ». Sur les réseaux sociaux, l’US va plus loin et réclame « que des actes concrets soient pris », notamment la suppression du cours sur l’islam dispensé par M. B. (professeur qui était venu en soutien de M. A.). Le 22 février, par un « appel à témoignages » publié sur Facebook, l’US invite les étudiants à dénoncer anonymement les propos islamophobes qui auraient pu être tenus dans ce cours.

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