Comment départager les candidats de terminale au terme de cette année scolaire bouleversée par la crise sanitaire ? Comment évaluer leur niveau à l’entrée dans l’enseignement supérieur, quand la majorité d’entre eux n’ont pas suivi l’ensemble de leurs cours, souvent donnés à distance, ou n’ont pas rendu tous leurs devoirs ? Ces questions agitent les enseignants du secondaire, qui ont rempli les dossiers de leurs élèves sur Parcoursup, comme ceux du supérieur, qui sont en train d’en éplucher le contenu.
Certains enseignants de lycées (privés, pour la plupart) ont ainsi voulu se démarquer en apposant dans des dossiers la mention « 100 % présentiel », pour mieux souligner que d’autres ont été contraints à un système de demi-jauge handicapant. Une pratique vite dénoncée par les syndicats, qui y voient une rupture d’égalité entre candidats. Ce phénomène, marginal, apparaît comme le symbole d’un processus de sélection sans boussole et qui inquiète les élèves, alors que les premiers résultats seront donnés le 27 mai.
Dans les lycées, on admet avoir manqué de notes pour évaluer la progression des élèves. La continuité avec la première, notamment, ne s’est pas faite.
« En 2020, les élèves de première ont décroché pendant deux mois », rappelle François Desnoyer, professeur au lycée Stéphane-Hessel de Toulouse et syndiqué au SNES-FSU. « Cette année, quand les notes sont moyennes, on met en avant la participation, poursuit cet enseignant de mathématiques. Un élève toujours présent aux visio, qui renvoie le travail et revient vers nous avec des questions par mail, on le valorise. Surtout si on sait que la situation familiale est compliquée. » En revanche, lorsque l’élève n’a pas été au rendez-vous, M. Desnoyer dit rester discret sur le sujet. Au risque de niveler tous les dossiers par le haut ? « Evaluer à distance en maths, de toute façon, je ne sais pas faire », concède-t-il.
Ailleurs, la politique a parfois été plus sévère. « Tout a été fait pour que les élèves puissent travailler à distance, insiste Pascale Le Flem, qui dirige une cité scolaire à Redon (Ile-et-Vilaine). Si des élèves ne répondent toujours pas et que les devoirs ne sont pas rendus, on finit par le prendre en compte. »
Les moyennes baissent
Enseignants et chefs avancent tous avec la crainte que leurs élèves puissent être défavorisés par rapport à d’autres établissements : ici parce qu’ils n’ont pas eu beaucoup de notes et présentent des moyennes calculées à partir d’un faible nombre de devoirs, là parce qu’à l’inverse le « 100 % présentiel » a multiplié les notes, faisant du même coup baisser les moyennes générales… « Je n’ai pas noté dans les dossiers que mon lycée était resté à 100 % en présentiel, prévient Laurent Le Drezen, proviseur à La Seyne-sur-Mer (Var). En revanche, on a trouvé des formules pour insister sur l’assiduité, et c’est normal : avec plus de notes, mes élèves ont des moyennes plus basses ! »
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