Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Vingt-quatre heures de la vie d’un administrateur judiciaire : « Les dirigeants ont peur. Ils se disent : "Ils vont vendre ma boîte" »

Le travail compliqué de ces auxiliaires de justice consiste à accompagner les sociétés en difficulté, trouver des solutions avec les banques tout en préservant les intérêts des salariés.

Par  (Lyon, envoyée spéciale)

Publié le 16 mai 2021 à 14h00, modifié le 16 mai 2021 à 16h47

Temps de Lecture 9 min.

Article réservé aux abonnés

Maître Eric Etienne-Martin (au centre), associé au sein du cabinet d’administrateurs judiciaires AJ UP, avec son équipe, à Lyon, le 4 mai 2021.

Ce mardi de la fin d’avril, confinement et vacances scolaires ont plongé le quartier de bureaux autour de la Part-Dieu, à Lyon, dans une torpeur digne d’un 15 août. Mais, à l’inverse des Lyonnais qui semblent avoir déserté la ville, Eric Etienne-Martin est « descendu » de Saint-Etienne, où il réside, pour une journée chargée. Associé au sein du cabinet d’administrateurs judiciaires AJ UP, qu’il a créé en 2017, il doit conduire deux réunions avec les dirigeants de sociétés en procédure de sauvegarde afin de préparer les prochaines audiences au tribunal de commerce.

A 10 h 30, tout est en place pour la première réunion autour de Dominique L. (le prénom a été modifié), patron d’une entreprise industrielle confrontée à une double difficulté. Manifestement tendu, celui-ci est venu accompagné de son experte-comptable, qui va mener les discussions. Son avocat est également présent, en visioconférence. La société de Dominique L. évolue sur un marché en déclin et peine à compenser la perte de chiffre d’affaires consécutive à cette baisse structurelle d’activité, avec 300 salariés. La crise liée au Covid-19 n’a rien arrangé.

Se faire accepter par des dirigeants qui n’ont pas choisi leurs interlocuteurs est l’un des enjeux de ce métier

De surcroît, il est en conflit avec l’ancien actionnaire de son entreprise, qui estime que le prix de cession a été sous-valorisé et réclame aujourd’hui des sommes importantes à titre de complément. Une procédure de sauvegarde a été ouverte en novembre 2020, dans la douleur. Le dirigeant aurait préféré régler ses difficultés sans passer par la case tribunal de commerce. « Je lui ai dit : “Ce n’est pas une procédure amiable qu’il vous faut, c’est une procédure judiciaire”, relate Me Etienne-Martin. Cela a été très difficile de lui faire entendre. »

Se faire accepter par des dirigeants en grande difficulté et qui n’ont pas choisi leurs interlocuteurs est l’un des enjeux de ce métier, qui souffre parfois d’une réputation sulfureuse. « Avoir recours à l’administrateur judiciaire, c’est une boîte à outils comme une autre, qu’il faut dédramatiser, explique-il. Mais les dirigeants ont peur. Ils se disent : “Je vais perdre le contrôle, ils vont vendre ma boîte, je ne sais pas quels intérêts ils servent…” »

Trouver des solutions concertées

Dominique L. l’admet, c’est bien de la méfiance qu’il a ressentie au départ. « J’ai eu le sentiment de mettre le doigt dans un engrenage et de perdre mon autonomie », confie-t-il. « Mais les discussions en amont m’ont rassuré. J’ai compris, après quelques jours de réflexion, que c’était la bonne voie. On a décidé d’y aller. Quatre mois après, on a fait le bon choix, on est en capacité de trouver des solutions et de travailler sur la restructuration de la société. »

Il vous reste 76.76% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.