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A l'université, de nouvelles règles pour les étudiants qui postulent en master

Le gouvernement durcit les possibilités de recours pour les étudiants qui n'auront pas de place en master. La mise en application de ces nouvelles règles, en pleine crise sanitaire, est « catastrophique », alerte la Fage. Un rapport parlementaire propose d'aménager le calendrier des masters en s'inspirant de Parcoursup.

Pour former un recours recevable, il faudra désormais avoir déposé au moins cinq dossiers de master.
Pour former un recours recevable, il faudra désormais avoir déposé au moins cinq dossiers de master. (Shutterstock)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 14 mai 2021 à 08:00

Le décret n'est toujours pas paru, mais les règles vont bien changer dès cette année pour les étudiants qui postulent en master . Le ministère de l'Enseignement supérieur les a publiées fin avril sur son site Internet . Ce qui change concerne les étudiants qui n'auront aucune réponse positive. S'ils veulent former un recours recevable auprès du recteur, il leur faudra avoir déposé au moins cinq dossiers et respecté plusieurs conditions.

Le gouvernement « piétine » le droit à la poursuite d'études après la licence, avait critiqué l'Unef en janvier dernier. Ce « droit » avait été instauré par la loi de 2016 , en contrepartie de l'avancée de la sélection à l'entrée en master et non plus entre la première et la deuxième année.

Une explosion des recours

« Ces nouvelles règles arrivent en plein milieu de la phase de candidatures et en période de crise sanitaire, alors que le décret n'est toujours pas sorti, cette mise en application est catastrophique, déplore Yann Carcel, vice-président de la Fage, première organisation étudiante. L'argument est d'inciter les étudiants à réfléchir à leur orientation, mais l'objectif, c'est que moins d'étudiants répondent aux critères [de saisine] et poursuivent en master. »

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Depuis 2016, le nombre de recours a explosé, avec une hausse de 129 % entre 2019 et 2020 , pour près de 12.000 saisines. Les rectorats sont souvent dépassés, face au peu de places vacantes.

S'inspirer de Parcoursup

Le député Philippe Berta (Modem), corapporteur d'une mission sur la loi de 2016 dont les résultats seront publiés le 19 mai, plaide pour des « aménagements ». Il veut « s'inspirer de Parcoursup pour les délais et pour favoriser la libération de places ». Il voudrait que les étudiants déposent leurs dossiers dès février ou mars (au lieu de mai ou juin), pour gérer plus tôt les dossiers des étudiants sans réponse.

Le député milite aussi pour que les étudiants se préoccupent de leur orientation dès la deuxième année de licence et que ceux qui sont déjà en difficulté soient incités à poursuivre en licence professionnelle plutôt qu'en master. L'information des étudiants est essentielle, indique aussi Françoise Lambert, secrétaire nationale au Sgen-CFDT : « Certains étudiants veulent faire un master en finance alors qu'ils ont 3 de moyenne en mathématiques, ce n'est pas possible… » Mais, hormis le master, la France propose « peu de pistes de sortie » après la licence, regrette-t-elle.

Plus de places dans les filières en tension

Il faut aussi plus de places en master dans certaines disciplines en tension - en droit, en sciences économiques, en psychologie et dans les filières sciences de la vie -, plaide Philippe Berta : « On n'a pas assez anticipé l'explosion du nombre d'étudiants en licence. C'est encore pire cette année avec le bac donné à tout le monde, et ce sera probablement la même chose l'an prochain. »

Depuis décembre, le ministère de l'Enseignement supérieur a demandé aux universités d'accroître le nombre de places en master. « Mais la compensation financière reste faible, et donc on ouvre peu de places, affirme François Germinet, en charge de la formation à la Conférence des présidents d'université. Or, la question des masters va se poser avec plus d'acuité encore, dans deux ans, avec la hausse du nombre de diplômés de licence. »

« Un stock de diplômés »

« Il y a de plus en plus d'étudiants, et ils ont moins de chances de poursuivre leurs études qu'il y a dix ans, alors qu'ils galèrent davantage pour trouver du travail ! », tempête Anne Roger, cosecrétaire générale du Snesup-FSU.

« Le sujet est moins la poursuite automatique des études que l'accès à un emploi, rétorque François Germinet. Avec la crise du Covid, on a envie de maintenir les jeunes en études, mais on risque d'accumuler un stock de diplômés qui ne vont pas trouver d'emploi, conclut-il. Notre sujet n'est pas d'ouvrir des places pour ouvrir des places, mais d'avoir un accès à l'emploi soutenu. »

Marie-Christine Corbier

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