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L’aide à l’embauche des jeunes a permis de créer 60.000 CDI et CDD supplémentaires

Selon une étude de la Dares, l’aide à l’embauche des jeunes accordée aux moins de 26 ans a permis de créer 60.000 emplois supplémentaires, soit une hausse de 7%. En revanche, ce coup de pouce n’a pas permis d’améliorer, au global, le taux d’emploi des jeunes tous contrats confondus.

Créée par le gouvernement pour atténuer les effets de la crise sur la jeunesse, l’aide à l’embauche des jeunes (AEJ) a eu un effet significatif sur les recrutements en CDI et en CDD de plus de trois mois. Telle est la conclusion commune du conseil d’analyse économique (CAE) et de la Dares (direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques) qui ont publié, mercredi 12 mai, leurs études respectives sur cette prime créée en août 2020. D’un montant de 1.000 euros par trimestre et d’un maximum de 4.000 euros, celle-ci est accordée aux entreprises qui embauchent des jeunes de moins de 26 ans en CDI ou en CDD de trois mois au minimum.

Selon la Dares, ce coup de pouce financier a permis une hausse de 7% des emplois en CDI ou en CDD long des jeunes de 22 à 25 ans, soit l’équivalent de 60.000 emplois. Par ailleurs, entre août et décembre 2020, 240.000 AEJ ont été versées aux entreprises. Le conseil d’analyse économique, qui a mené des études sur le même sujet, conclut lui aussi à une hausse de 6% des embauches en CDD et CDI par l’effet propre de l’AEJ. L’aide s’est révélée déterminante dans certains secteurs en souffrance comme les secteurs des arts et des hôtels cafés restaurants.

Pas d’effet positif sur l’emploi

Mercredi 12 mai, la ministre du Travail Élisabeth Borne rappelait à France Info que "1,5 million de jeunes de moins de 26 ans ont été embauchés en CDD de plus de trois mois ou en CDI entre le mois d’août 2020 et la fin mars 2021". Depuis le 1er avril, l’aide à l’embauche des jeunes a été resserrée au profit de ceux touchant un salaire inférieur à 1,6 Smic (et non plus 2 Smic) et ce jusqu’au 31 mai 2021. Quant aux aides à l’alternance, elles restent en vigueur jusqu’au 31 décembre 2021.

La Dares observe toutefois que l’AEJ n’a pas permis de faire remonter le taux d’emploi des jeunes, touché par la crise. Au quatrième trimestre 2020, il était de 42%, soit un point de moins par rapport à la fin 2019. En cause : la baisse, par substitution, de l’emploi des jeunes en intérim et en emploi non-salarié. En définitive, la hausse des CDI stimulée par l’AEJ "permet une sécurisation des contrats de travail", conclut Claire-Lise Dubost, chargée d’études à la Dares.

Un impact "faible"

Le CAE note aussi que l’impact de l’AEJ sur les embauches est "plus faible que ce qui pouvait être anticipé au vu de l’expérience du dispositif zéro charges", mis en place en 2008. Cette mesure, introduite à l’époque pour soutenir l’emploi suite à la crise financière, a eu un impact deux fois plus important pendant les six premiers mois de sa mise en œuvre. Pour expliquer cette moindre performance de l’AEJ, le président délégué du CAE, Philippe Martin, met en avant l’impact du second confinement à l’automne, qui a pu perturber la montée en charge de l’aide. Mais d’autres explications sont possibles, comme la non-inclusion des renouvellements de contrats.

Pour accompagner la reprise des embauches après la crise sanitaire, le CAE suggère plusieurs "pistes" : pour plus d’impact, une nouvelle version de la prime pourrait ainsi inclure les renouvellements des contrats, être étendue aux jeunes âgés de plus de 26 ans, voire être réservée aux secteurs les plus touchés par la crise, comme l’hôtellerie-restauration ou la culture. Selon l’économiste Philippe Martin, un tel ciblage produirait certes des "effets d’aubaine" mais aurait des effets positifs sur l’emploi ainsi que pour les entreprises les plus en difficulté, qui connaissent aussi une baisse de productivité liée aux restrictions sanitaires.