Imaginez que le film A nous les petites Anglaises ait été tourné en Charente-Maritime, que les deux héros n’aient pas été envoyés en séjour linguistique dans le sud de l’Angleterre, mais à quelques heures de chez eux, contraint d’apprendre le french kiss avec des autochtones. A nous les petites Françaises, se serait peut-être appelée cette comédie si Michel Lang l’avait écrite après le Covid-19.
C’est l’Angleterre sans la « jelly » et le gigot à la menthe, les Etats-Unis sans le prix du billet d’avion ni les frais d’appels à l’étranger.
Depuis la pandémie, de plus en plus d’entreprises de voyages linguistiques étoffent leur catalogue avec des propositions de séjours pour apprendre l’anglais en summer camp en France. Elles affichent des formules « Brittany camp junior » ou « English in the country side », avec hébergement en lycée agricole en Touraine. Grâce à quoi, cet été, les petits Français pourront partir en immersion anglophone dans un château ou un ancien couvent « à une demi-heure de Lyon » ou « au cœur de la Drôme provençale ».
Ils seront accueillis, pour les colos American Village, par un faux stand d’immigration avant d’attaquer leur immersion totale en Bourgogne ou en Vendée. C’est l’Angleterre sans la jelly et le gigot à la menthe (« les produits locaux et de saison sont privilégiés », promet une brochure), les Etats-Unis sans le prix du billet d’avion ni les frais d’appels à l’étranger (« afin d’assurer une initiation maximale les enfants n’auront accès à leur téléphone portable qu’une heure par jour », dit une autre). Partir apprendre l’anglais en France, pourquoi n’y avait-on pas pensé plus tôt ?
A quoi on les reconnaît
Elles proposent des brochures avec des photos de tipis indiens ou d’ados portant des lunettes de soleil ornées des étoiles du drapeau américain. On y trouve des ateliers « Life in the USA » ou « American Dream », ou la promesse de manger du fish and chips au déjeuner et de jouer à Sherlock Holmes. Les enfants pourront participer à des séances de « team building », s’initier au base-ball, au cheerleading et tenir un « camp diary ». Il y aura un brunch avec pancakes, des brochettes de marshmallows autour du feu, une remise de diplôme avec lancer de « graduation hats » et un « bal de prom »… Non, pas comme dans les summer camps américains, mais comme dans les séries dans lesquelles les ados sont déjà immergés depuis bien longtemps.
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