Stages trop courts, alternance en télétravail, cours en demi-jauge ou à distance, écoles fermées… Pour nombre des 185 000 élèves en brevet de technicien supérieur (BTS) qui passent leurs examens en présentiel depuis le 10 mai, la détresse est manifeste. « J’ai l’impression que c’est irréel », soupire Ilian, tassé dans le RER B avec ses camarades, en direction du parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Tous les six se rendent à leur première épreuve de BTS en communication. Des examens qui courent, pour eux, jusqu’au 16 juin. Dans la rame, les griefs contre le gouvernement et leur école fusent. Ils s’estiment traités comme des « cobayes », « toujours oubliés » et « abandonnés ».
Depuis deux mois, les étudiants en BTS se mobilisent, sur les réseaux sociaux principalement, pour le passage de leur diplôme en contrôle continu. Ni la pétition aux 93 000 signataires ni leur requête devant le Conseil d’Etat n’auront permis d’annuler le passage des épreuves. Les lycées publics étant restés ouverts la majeure partie de l’année scolaire, le ministère de l’enseignement supérieur a choisi de les maintenir.
Un rattrapage sera toutefois organisé en juillet, a-t-il annoncé le 16 avril. Cette deuxième chance, dont la pérennisation les prochaines années n’est pas exclue par le ministère, sera ouverte à ceux n’ayant pas la moyenne et aux absents munis d’un justificatif. De plus, les jurys pourront, si besoin, s’appuyer sur les livrets scolaires et des instructions leur seront communiquées, pour prendre en compte ces « deux dernières années très compliquées », précise le ministère.
Rythme des cours ralenti
Ces mesures, auxquelles s’ajoute l’assouplissement de la validation des stages, sont loin de satisfaire les BTS mobilisés. Elève au lycée Voltaire, à Orléans, Safa décrit ces examens comme « une catastrophe ». Dans son lycée, en BTS négociation et digitalisation de la relation client, les absences dues au Covid-19, cumulées aux trois semaines de distanciel, ont ralenti le rythme des cours, comme dans l’enseignement secondaire.
Dans la filière culture économique, juridique et managériale, une enseignante leur a envoyé, quinze jours avant l’examen, les dix derniers chapitres encore non étudiés en classe, assure-t-elle. « Jusqu’au dernier jour, j’étais persuadée qu’on gagnerait », dit-elle. Mais selon certains professeurs, les enseignements n’ont pas toujours été si perturbés. Au lycée Louise-Michel, à Bobigny, Nicolas Gourin, professeur d’économie gestion, a terminé son programme à temps, malgré la demi-jauge, et considère que ses étudiants sont partis sereins aux examens.
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