C’est un semestre qui met des paillettes dans la vie des étudiants des grandes écoles. Un temps de liberté, d’indépendance et de dépaysement, loin de la routine du campus, du regard de la famille. Les mois d’« immersion internationale » sont généralement à l’agenda de la première année de master, les étudiants ont déjà un peu d’expérience, de maturité.
Pour Marine Lecuyer, 21 ans, étudiante à Neoma Business School, son second semestre 2021 est prévu au sein de l’université de Penang en Malaisie. « Le programme prévoit trois jours de cours pour quatre jours de week-end, précise la jeune femme. J’ai pensé voyager partout en Asie : le Vietnam, Bali, Hongkong, Singapour, le Cambodge. Il y a tant de choses à découvrir, cela doit être une expérience de dingue ! » Mais patatras… Courant janvier, un courriel de l’université malaisienne lui notifie qu’elle pourra bien suivre le cursus choisi, mais, du fait de la crise sanitaire, en distanciel.
Chez ses parents, entre les quatre murs de sa chambre d’enfant, dans les Hauts-de-Seine, l’étudiante se lève, parfois très tôt, pour suivre ses cours avec six heures de décalage horaire. Comme Marine, ils sont des milliers d’étudiants à avoir été contraints de troquer une année ou un semestre de mobilité internationale contre des cours en visioconférence. « C’est violent », résume l’étudiante.
Abnégation
« Je ne me voyais pas faire un voyage en Europe, alors j’ai choisi l’Australie, raconte Christiane Aymon, 21 ans, étudiante à l’école de management Léonard-de-Vinci. Direction l’université technologique de Sydney, une ville qu’elle imagine à l’antipode de son quotidien. « Je voulais être loin, très loin de mon environnement pour avoir l’expérience la plus forte possible, vivre une aventure hors du commun. »
Le grand départ est prévu pour l’été 2020, mais, au printemps, un message de l’université australienne informe Christiane « que les conditions sanitaires ne sont pas réunies » pour l’accueillir. Lors de l’été 2020, le voyage est seulement repoussé à février 2021. « Je me suis projetée pendant un an sur un voyage qui n’a pas eu lieu », déplore l’étudiante, qui suit son cursus à distance, chez ses parents dans le Val-d’Oise. Les cours commencent à 5 heures du matin, heure française.
Avaler des heures de cours dans une langue étrangère, dans des créneaux horaires improbables, réclame une bonne dose d’abnégation. Léon Loewenguth, 21 ans, étudiant à Montpellier Business School, prépare, début 2020, une année dans une université partenaire de son école, à Barranquilla en Colombie. Hispanophone, le jeune homme envisage de passer une année en Amérique du Sud pour décrocher un double diplôme qui pourra lui ouvrir les portes de plusieurs Masters of Business Administration (MBA) en Amérique du nord et en Asie. « Je me suis attelé pendant l’hiver 2020 à remplir toutes les démarches administratives, passeport, visa, vaccin… avec une seule hâte, celle de partir. » Lui aussi restera chez ses parents.
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