Ce texte paraît dans « Le Monde de l’éducation ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre hebdomadaire en suivant ce lien.
Tribune. En mars, une école d’un petit village en Normandie a défrayé la chronique dans la presse locale : depuis plusieurs mois, quelques enfants de 6 ans y semaient la terreur dans une classe « hors de contrôle ». L’inspection académique indique que le comportement d’un élève en particulier relève de l’inclusion scolaire. Cette situation est tout sauf anecdotique et illustre les limites de l’« école inclusive ».
Depuis la mise en œuvre de la loi de 2005 sur l’égalité des chances en faveur des personnes handicapées, le nombre d’enfants en situation de handicap a triplé dans les établissements scolaires. Actuellement, 385 000 élèves handicapés sont accueillis. Apprendre et vivre ensemble constitue une chance pour tous ces enfants mis autrefois à l’écart, et contribue à développer pour tous un regard plus positif sur les différences.
Depuis 2017, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, ont pris une série de mesures en faveur de l’école inclusive, avec une augmentation de 3,3 milliards d’euros. Mais en matière d’inclusion scolaire, il y a ce qui se dit au ministère et ce qui se vit dans les écoles. La qualité de vie et d’apprentissage à l’école pour tous les élèves et les conditions de travail des personnels sont les grandes oubliées.
De l’école pour tous à l’école pour chacun
Le champ d’action de l’école inclusive est vaste et nécessite pour les enseignants d’adapter l’offre éducative à toute la diversité du public scolaire. Les élèves ayant de graves troubles du comportement font parfois vivre un véritable calvaire aux personnels des écoles et aux autres élèves. Quant aux élèves handicapés, ils demandent un investissement conséquent en termes d’adaptations pédagogiques spécifiques en fonction du handicap, d’aménagement de la classe et de l’école. Les élèves en difficulté scolaire, eux, souvent issus de milieux défavorisés, ont besoin de plus de temps pour intégrer les apprentissages et ne réussissent pas à suivre le rythme imposé des programmes de l’éducation nationale, particulièrement denses…
Bien des professeurs n’avaient pas envisagé ces profondes mutations quand ils se sont engagés dans le métier. Au jour le jour, l’effort d’accueil de tous ces élèves à besoins éducatifs particuliers repose pour l’essentiel sur des enseignants isolés dans leur classe et peu formés à cette diversité. Les conditions de travail sont éprouvantes. Sans oublier la succession de protocoles sanitaires à gérer depuis la pandémie, qui fragilisent encore un peu plus les acteurs de terrain.
Il vous reste 64.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.