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Pandémie, réforme du lycée, engorgement des filières : les incertitudes de Parcoursup 2021
La phase d'admission principale de Parcoursup a débuté le 17 mai.
© Ugo Padovani / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Pandémie, réforme du lycée, engorgement des filières : les incertitudes de Parcoursup 2021

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La phase d’admission principale de Parcoursup a débuté le 27 mai. Une nouvelle étape d’un millésime 2021 marqué par de fortes incertitudes liées à la pandémie, la réforme du lycée général et les possibles engorgements de filières.

Le Jour J. Ou le début d’une longue série. La phase d’admission principale de Parcoursup a démarré ce jeudi 27 mai. Synonyme des premières réponses pour les élèves, et du début d’une longue attente pour ceux qui n’ont pas obtenu les formations désirées. Une certitude pour l’instant : le millésime 2021 a été marqué par de fortes incertitudes liées à la crise sanitaire et à la réforme du lycée général. Auxquels s’ajoutent les risques, pas nouveaux, d’engorgement de certaines filières.

Ce 27 mai les inscrits sur Parcoursup ont reçu les réponses à leurs vœux : « oui », « non » ou « en attente » pour les formations sélectives et « oui », « en attente » ou « oui, si » - qui impose une remise à niveau au candidat - pour celles qui ne le sont pas. « Un million cinq cent trente mille propositions d’admissions sont envoyées depuis ce jeudi soir aux 931 000 candidats, récapitule Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur dans une interview au Parisien de ce vendredi 28 mai. Certains lycéens en recevront donc plusieurs. Ils en choisissent une, et libèrent ainsi des places qui seront ensuite adressées à d’autres. » Un processus qui se déroulera jusqu’au 16 juillet. Une procédure complémentaire, qui s’ouvrira le 16 juin et prendra fin le 16 septembre, permettra à des jeunes qui n’auraient obtenu aucune proposition de reformuler des vœux.

« Ça a été très compliqué d’accompagner nos élèves »

Cette campagne Parcoursup s’est placée cette année sous le sceau de fortes incertitudes, d’abord à cause de la pandémie. « Il y a eu beaucoup de stress, pointe Jean-Rémi Girard, président du Snalc, avec le contexte sanitaire il n’y a pas eu tous les salons, ou seulement en virtuel, et les journées portes ouvertes qui aident les élèves dans leur prise de décision ». « Ça a été très compliqué d’accompagner nos élèves dans ce contexte regrette Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, je pense à ceux qui voulaient avoir des informations de la part d’étudiants en première année de licence qui leur répondaient qu'ils n’avaient connu que du distanciel. Tout cela rend difficile le fait de se projeter dans l’avenir. »

À ces obstacles s’est ajoutée la nouveauté de la réforme du lycée général. Exit les traditionnelles filières L, ES et S, remplacées par des enseignements de spécialité. La première promotion concernée est en terminale cette année. Les syndicats déplorent un manque de transparence sur les nouveaux critères de sélection. « C’est une source d’incertitude supplémentaire, assure Jean-Rémi Girard, nous ne sommes pas sûrs à 100 % de la manière dont vont s’opérer les sélections, notamment en fonction des spécialités choisies par les élèves. » « La réforme du lycée a démultiplié l’incertitude et l’opacité sur les choix des élèves et leurs conséquences, il y a le sentiment de sauter dans le vide sans savoir où l’on va atterrir », renchérit Sophie Vénétitay.

Augmentation des effectifs de l'enseignement supérieur

Loin d’être nouvelle, la crainte de l’engorgement des filières les plus demandées se fait, elle, plus vive avec la perspective d’un taux de réussite au baccalauréat particulièrement élevé en raison des adaptations liées à la pandémie, laissant une large place au contrôle continu. L’an dernier, le taux de réussite avait déjà connu une hausse exceptionnelle, atteignant 95 % toutes séries confondues. Dans une note publiée en avril, le ministère s’attend à un niveau semblable à la session 2021, même si les néobacheliers devraient être un peu moins nombreux, les effectifs de lycéens en terminale étant plus faibles que l’année précédente. D’après cette même note, « les inscriptions à la rentrée 2020 auraient augmenté de 2,2 % sur l’ensemble de l’enseignement supérieur, soit + 59 600 étudiants environ », à la fois sous l’effet des résultats au baccalauréat mais aussi de la génération issue du boom des naissances de l’an 2000 – la hausse des étudiants inscrits n'étant pas seulement liée aux entrées de néobacheliers en première année.

En 2021, les effectifs de l’enseignement supérieur pourraient augmenter de 31 400 étudiants. Le service statistique du ministère va même plus loin dans ses prévisions - en tablant sur un retour dès 2022 aux niveaux de réussite du baccalauréat d’avant la crise sanitaire : « L’enseignement supérieur pourrait rassembler en 2024, 2,82 millions d’étudiants et en 2029, 2,87 millions d’étudiants. Le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur augmenterait donc de 93 000 en cinq ans (2019 étant la dernière année de constat disponible) et de 143 000 étudiants en dix ans. » Certaines filières seraient plus touchées que d’autres : entre 2019 et 2029, les effectifs en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) pourraient augmenter de 10,1 % et ceux des licences de sciences diminuer de 4,3 %.

Inquiétudes

« Nous avons des craintes car on a une hausse démographique de l’enseignement supérieur et nous n’avons pas non plus d’investissements suffisants sur des filières en tension », dénonce Paul Mayaux, président de la FAGE, syndicat étudiant. « La tension sur certaines filières existe depuis des années car l’investissement du ministère de l’enseignement supérieur a été insuffisant » rejoint Sophie Vénétitay qui réclame plus d’ouvertures de place dans les établissements d’enseignement supérieur. Hubert Salaün, porte-parole de la Peep, fédération de parents d’élèves, s’alarme lui de l’arrivée dans le supérieur de jeunes au niveau scolaire faible : « Nous nous inquiétons de ce que deviennent les élèves qui ont obtenu le bac avec 7 de moyenne tout au long de l’année. Certains se retrouvent sur les bancs de l’université qui devraient être ceux où se retrouvent les meilleurs élèves car cela demande de l’autonomie. En donnant le bac à un élève qui a 7 de moyenne on ne lui rend pas service. »

Cette année 931 000 candidats ont confirmé au moins un vœu sur Parcoursup. Parmi eux, environ 635 000 lycéens en terminale en France et à l’étranger, 182 000 étudiants en réorientation ou en remise à niveau et 89 000 en reprises d’études ou autres. Chez les élèves de terminale, les licences restent les plus demandées, avec 33 % des vœux des listes, suivies par les BTS (30 %) et les bachelors universitaires de technologie (BUT) nés en 2019 (11 %). La formation en soins infirmiers est la filière la plus demandée avec 689 469 vœux, soit une hausse de 13 % et environ 8,7 % du total des vœux. Le gouvernement et les régions ont lancé en mars un plan d'augmentation des places en formations sanitaires et sociales.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne