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« Chez certains jeunes, la pandémie de Covid-19 radicalise un sentiment d’impuissance et de colère »

Pour la sociologue Cécile Van de Velde, ce qui se joue ne relève pas tant d’un conflit entre les générations, mais plutôt d’une scission entre une partie de la jeunesse et les pouvoirs publics.

Propos recueillis par 

Publié le 02 juin 2021 à 07h00, modifié le 02 juin 2021 à 17h12

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Manifestatiojn à Nantes, le 16 janvier 2021.

Ce qui se joue ne relève pas tant d’un conflit entre les générations, mais plutôt d’une scission entre certains pans de la jeunesse et les pouvoirs publics, affirme Cécile Van de Velde, sociologue, professeure à l’université de Montréal, et spécialiste de la jeunesse.

Avoir vécu cette pandémie à 20 ans peut-il constituer un marqueur générationnel ?

La pandémie réactualise la question des générations telle que le sociologue et philosophe Karl Mannheim l’avait formulée au tournant des années 1930. Selon lui, les périodes de déstabilisation sociale peuvent créer une « condition de génération » commune pour ceux qui entrent dans la vie adulte, et favoriser alors la naissance d’une « conscience de génération ».

Bien sûr, tout le monde a été affecté par la crise engendrée par la pandémie. Dans le cas des jeunes, elle a pu résonner comme un choc d’incertitude et de solitude à un âge justement pensé comme celui de la prise d’élan vers l’âge adulte. L’ampleur de la cicatrice va dépendre des évolutions économiques et des choix politiques dans les années à venir. On sait également que la pandémie accroît fortement la pression inégalitaire au sein même des jeunes générations, qui étaient déjà marquées par une forte compétition sociale et des risques accrus de décrochage pour les moins diplômés.

Par ailleurs, on sait que la crise économique de 2008 – et les politiques d’austérité qui l’ont suivie – a largement contribué à la montée d’une « voix » générationnelle, en France comme au niveau mondial. Elle s’est exprimée au sein des mouvements sociaux et a été portée avant tout par des étudiants et des jeunes diplômés. On peut y lire le refus croissant d’une « dette » ou d’un « héritage » considérés comme trop lourd à porter, et injustement transmis aux jeunes générations, les obligeant à subir des décisions dont elles ne seraient pas responsables.

Cette critique s’est d’abord forgée sur les conditions économiques et sociales, puis s’est élargie à des questions environnementales. Aujourd’hui, la crise sanitaire lui donne encore un nouveau relief, car elle a conduit à des arbitrages politiques visibles entre générations.

Dans leurs témoignages, les jeunes expriment un sentiment d’injustice et de dépossession. Comment l’analyser ?

En réalité, ce qui se joue ne relève pas tant d’un conflit entre les générations, mais plutôt d’une scission entre certains pans des jeunes citoyens et les pouvoirs publics. Toutefois, cette frustration générationnelle tend à se retourner davantage contre le « système » – qu’il soit éducatif, social ou politique – que contre les générations aînées, qui se voient elles-mêmes fortement sollicitées en soutien face à la précarité.

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