
Ce qui se joue ne relève pas tant d’un conflit entre les générations, mais plutôt d’une scission entre certains pans de la jeunesse et les pouvoirs publics, affirme Cécile Van de Velde, sociologue, professeure à l’université de Montréal, et spécialiste de la jeunesse.
Avoir vécu cette pandémie à 20 ans peut-il constituer un marqueur générationnel ?
La pandémie réactualise la question des générations telle que le sociologue et philosophe Karl Mannheim l’avait formulée au tournant des années 1930. Selon lui, les périodes de déstabilisation sociale peuvent créer une « condition de génération » commune pour ceux qui entrent dans la vie adulte, et favoriser alors la naissance d’une « conscience de génération ».
Bien sûr, tout le monde a été affecté par la crise engendrée par la pandémie. Dans le cas des jeunes, elle a pu résonner comme un choc d’incertitude et de solitude à un âge justement pensé comme celui de la prise d’élan vers l’âge adulte. L’ampleur de la cicatrice va dépendre des évolutions économiques et des choix politiques dans les années à venir. On sait également que la pandémie accroît fortement la pression inégalitaire au sein même des jeunes générations, qui étaient déjà marquées par une forte compétition sociale et des risques accrus de décrochage pour les moins diplômés.
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