« Plus qu’une centaine de mètres. On est à 0,45, 0,47… C’est fini ! 0,47 centime d’euro, record du monde battu ! » Tel un commentateur sportif, Jean-Philippe Mangeot, le fondateur d’Urbanloop, vibre en ce vendredi 28 mai ensoleillé à l’aérodrome de Nancy. Sa capsule à deux places vient de battre le record de la sobriété énergétique pour un véhicule sur rail, soit 0,47 centime d’euro d’électricité dépensé en un kilomètre. Face à lui, une foule d’élus locaux et le ministre délégué aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, laissent éclater applaudissements et vivats.
Bon. Le prototype est encore un peu bruyant et brinquebalant. Et il n’a pas manqué de susciter une avalanche de quolibets sur Twitter, lorsque M. Djebbari a fait un tour d’essai devant les caméras. « Ils sont à deux doigts d’inventer le tramway », dit l’un des railleurs. « L’innovation est déjà prise », moque un autre, en postant la photo d’une chenille de fête foraine.
Il n’empêche, sur le papier, l’idée a des atouts. A l’origine projet d’étudiants de onze écoles d’ingénieurs de l’université de Lorraine, dont l’Ecole des mines de Nancy, son principe consiste à mettre, sur une boucle de quelques kilomètres (dix km, au maximum), une noria de capsules gérées par algorithmes, permettant un transport électrique disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans attente à quai et sans arrêt jusqu’à destination. Le tout est ultrafrugal : la dépense énergétique est minime, l’infrastructure légère est préassemblée en usine.
Urbanloop, qui vient d’être constitué en société par actions simplifiée (l’université de Lorraine est son principal actionnaire), a retenu l’attention du ministère des transports, qui est en train de procéder à son homologation de sécurité.
Maintenir une desserte ferroviaire à moindre coût
Les projets de rail léger sont l’une des pistes mises en avant par le gouvernement pour redynamiser le transport en commun ferroviaire de proximité, et en particulier les petites lignes de la SNCF en voie d’abandon.
Aujourd’hui, 4 000 kilomètres de voies ferrées risquent, à terme, une fermeture en France, sur les 12 000 kilomètres de lignes ferroviaires à caractère régional. Et cette infrastructure est parfois directement disponible : 700 kilomètres de toutes petites voies de fret, dites « capillaires », n’accueillent aujourd’hui plus aucun train.
« Pour un certain nombre de lignes d’intérêt local, nous sommes ouverts aux modes d’exploitation innovants, indiquait M. Djebbari, à Nancy. La gestion est en train d’en être déléguée aux régions, mais l’Etat peut agir de son côté pour faciliter le développement de projets du type Urbanloop. » Le ministre a d’ailleurs commencé à fédérer une filière du train léger, voire ultraléger. Il a réuni, en début d’année, les acteurs, dont les constructeurs traditionnels Alstom et CAF, qui ont à leur catalogue des trains et trams-trains d’une cinquantaine de tonnes (200 tonnes pour un TER classique).
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