Selon Handicap International, 80 % des personnes handicapées dans le monde, soit 800 millions de personnes, vivent dans la pauvreté. L’une des raisons est le taux de chômage, en particulier pour les jeunes, de trois à quatre fois supérieur à celui des valides, qu’on soit dans les pays du Sud ou du Nord.

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Si l’action de l’ONG Handicap International l’amène souvent à gérer l’urgence dans des zones de crises ou de conflits, son rôle dans l’éducation et l’insertion professionnelle des jeunes adultes, est tout aussi important. En ce début d’année, vient de s’achever en Tunisie, pays pilote et dans trois autres pays africains (Bénin, Maroc, Sénégal), le programme Handicap et Emploi, qui visait les 18-35 ans en particulier. « Pendant trois ans, nous avons accompagné 1 800 personnes, dont les trois quarts étaient des jeunes, indique Mohamed Mehrez Afchar, responsable du programme pour Handicap International. Un tiers d’entre eux occupent aujourd’hui un emploi et un autre tiers est toujours suivi par nos partenaires. »

Inciter les jeunes handicapés et sensibiliser les employeurs

En Tunisie, comme dans les autres pays, le projet a associé les services publics de l’emploi et les associations nationales de soutien aux publics handicapés. L’appui financier de l’ONG a permis d’adapter les postes de travail dans les entreprises. « Il peut s’agir d’un clavier en braille, de l’appui d’un médiateur en langue des signes ou de l’aménagement des horaires, énumère Mohamed Mehrez Afchar. Handicap International a aussi versé des primes de transport. »

Dans les quatre pays, les objectifs étaient d’inciter ces jeunes handicapés à s’inscrire auprès des services publics de l’emploi et de sensibiliser les employeurs. Conquises par leur implication et leur efficacité, les premières entreprises ont joué le rôle d’ambassadrices du programme. Des études le montrent, l’intégration de salariés handicapés bénéficie à tous. L’amélioration des règles et des processus de travail pour ces salariés profite à l’ensemble des équipes, donc à la performance de l’entreprise.

Mohamed Mehrez Afchar prend l’exemple d’une usine de prothèses dentaires à Agadès : « L’embauche de jeunes sourds a favorisé la création de codes couleur pour communiquer sur les produits chimiques. Très vite, les salariés ont adopté ces codes et cela a augmenté leur productivité. L’ergonomie mise en place pour deux personnes a aidé tout le monde. »

« Une partie de ces dons provient de l’épargne solidaire »

Autre objectif atteint : les services publics de l’emploi ont mis en place des procédures d’accueil pour les jeunes handicapés. En Tunisie, au début du programme, 5 % étaient inscrits à l’Agence nationale ; ils sont 10 % cette année. D’autres pays dans le monde bénéficient, pour l’emploi des jeunes, du soutien financier de Handicap International, dont les ressources sont issues de fonds publics et de fonds privés.

« Une partie de ces dons provient de l’épargne solidaire, met en avant Camille Jury, responsable des partenariats entreprises et fondations. Il y a dix ans, nous avons décidé d’entrer en partenariat avec des banques. Elles proposent à leurs clients des cartes ou des livrets de partage, qui enclenchent des dons pour notre association. Nous attendons aussi beaucoup de la collecte de dons des livrets de développement durable et solidaire. »

Les besoins pour aider les jeunes handicapés demeurent. Tout se joue avant l’accès au travail. Les enfants en situation de handicap ont dix fois moins de chances que les autres d’accéder à l’école… Il suffit pourtant de 50 € pour leur fournir une prothèse et un kit scolaire.