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Antoine Prost : « Nous passons trop de temps à évaluer les étudiants »

L’expérience d’un apprentissage universitaire dégradé par une année et demie de crise sanitaire laissera des traces, estime l’historien de l’éducation.

Propos recueillis par 

Publié le 08 juin 2021 à 06h00, modifié le 08 juin 2021 à 10h57

Temps de Lecture 2 min.

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« On ne donne pas assez de temps à l’étude. Il y a une mystique de la note, une sacralité trop grande de celle-ci, portée par des examens et des concours », explique l’historien Alain Prost. ici, un examen du concours de l’IMT Atlantique à Nantes.

Selon Antoine Prost, historien, spécialiste du système éducatif, l’inquiétude des étudiants au sujet d’une moindre valeur de leur diplôme est symptomatique d’une obsession française pour les examens collectifs et la notation.

Pourquoi le QCM, mode d’évaluation qui s’est développé avec le passage des cours à distance, est-il dévalorisé dans le monde universitaire français ?

Le QCM vient des enquêtes d’opinions : cocher des cases est un très bon dispositif pour évaluer les connaissances, la formule de l’acide chlorhydrique, les dates des régimes politiques ou la définition d’une neuropathie. Mais c’est tout à fait limité et cela ne permet pas d’apprécier si l’argumentation est rigoureuse, la pensée originale, ni même si les connaissances sont bien assimilées.

Pensez-vous que les diplômes des années Covid auront moins de valeur ?

Je ne crois pas. Ce qui va laisser des traces, c’est la démotivation des étudiants, leur décrochage. Apprendre, c’est vivant. Un amphithéâtre, c’est un microcosme, un bouillon de culture, un lieu de rencontre. Il s’y passe bien d’autres choses que l’apprentissage stricto sensu. C’est surtout ça qui a été dévalorisé. De façon générale, nous passons trop de temps à évaluer, dans le supérieur. Les semestres sont courts : 14 semaines et deux semaines bloquées pour les examens, c’est trop d’épreuves de contrôle, et pas assez de formation. On ne donne pas assez de temps à l’étude. Il y a une mystique de la note, une sacralité trop grande de celle-ci, portée par des examens et des concours où l’on juge désormais sur une moyenne.

Quand l’écrit s’est-il imposé ?

Les premières épreuves écrites du bac – la version latine et la composition de philosophie – apparaissent en 1830. Mais l’oral conservait une place prépondérante. Le professeur dictait le sujet, le texte de la version latine par exemple, dans la salle d’examen. On imagina ensuite des sujets par académie. Le nombre des candidats le permettait. Songez qu’on a reçu 7 700 bacheliers en 1913 ! [contre 723 000 en 2020]. Les sujets nationaux imprimés se sont imposées après la seconde guerre mondiale.

La dissertation reste l’épreuve reine dans certaines disciplines. Pourquoi ?

La dissertation était à l’origine un « discours », la disputatio : un débat rhétorique oral. Au XIXe siècle, elle n’existait qu’en philosophie. Les épreuves reines étaient la version latine et les discours, en latin et en français. Le discours consistait à développer un sujet résumé en quelques lignes. La dissertation écrite apparaît à la fin du siècle et s’impose alors dans toutes les matières littéraires.

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