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Hydrogène : la filière industrielle française est en train d'émerger

Quatre projets d'usines d'électrolyseurs sont en gestation, laissant espérer une véritable filière industrielle française pour l'hydrogène. La France et l'Europe veulent sécuriser une production locale pour éviter l'échec du début du siècle dans le solaire photovoltaïque face à la Chine.

L'électrolyseur permet de transformer l'eau en hydrogène vert grâce au courant électrique.
L'électrolyseur permet de transformer l'eau en hydrogène vert grâce au courant électrique. (John Cockerill)

Par Vincent Collen

Publié le 11 juin 2021 à 12:08Mis à jour le 28 oct. 2021 à 17:04

La course est lancée. Depuis l'annonce du plan hydrogène du gouvernement l'an dernier, les industriels français accélèrent. Les annonces récentes laissent déjà espérer l'émergence d'une véritable filière tricolore pour l'un des composants clefs de la chaîne de l'hydrogène vert : la fabrication d'électrolyseurs.

Ces équipements permettent de produire ce gaz auquel les experts promettent un rôle essentiel dans la transition énergétique - pour décarboner le raffinage, la sidérurgie, le transport de marchandises, les bus, les camions ou encore certains trains . L'électrolyse consiste à transformer l'eau en hydrogène vert grâce au courant électrique.

Belfort, Alsace, Hérault…

Pas moins de quatre projets d'usines d'électrolyseurs sont en gestation en France. On les appelle souvent des « gigafactories » car elles doivent permettre, à terme, la fabrication d'équipements capables de produire plus d'un gigawatt d'hydrogène. Le gouvernement vise 6,5 gigawatts d'électrolyseurs installés sur le territoire en 2030. De quoi donner 600.000 tonnes d'hydrogène décarboné par an, et remplacer en bonne partie l'hydrogène « gris », issu d'hydrocarbures , utilisé aujourd'hui.

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La jeune pousse française McPhy a annoncé le mois dernier qu'elle avait choisi Belfort pour construire son site industriel. John Cockerill, une entreprise belge à capitaux français , vient de déposer des demandes de permis pour s'implanter non loin de là, à Aspach, dans le Haut-Rhin. Genvia, une coentreprise du parapétrolier américain Schlumberger et du CEA, prépare une implantation à Béziers, dans l'Hérault. Enfin Elogen, filiale de la société d'ingénierie GTT , envisagerait lui aussi une usine dont la localisation n'a pas encore été annoncée.

Maîtriser les composants clefs

Les technologies retenues par chacun sont différentes : alcalin, membrane à échange de protons, haute température… « Une vraie filière de l'électrolyseur est en train d'émerger en France », se félicite Philippe Boucly, président de France Hydrogène, l'association qui fédère les acteurs du secteur.

L'objectif du gouvernement est que la majorité de la chaîne de l'hydrogène, des équipements à la production et au transport du gaz, soit localisée sur le territoire français. Les concurrents européens ne manquent pas : le britannique ITM, l'allemand Siemens Energy, le norvégien Nel… Tous prévoient leur propre gigafactory d'électrolyseurs. Mais les objectifs ambitieux fixés par Bruxelles et les Etats membres laissent espérer qu'il y aura de la place pour tout le monde.

Chaque pays aura à coeur la maîtrise des composants clefs de l'électrolyseur comme les membranes ou les électrodes, qui représentent l'essentiel de la valeur ajoutée. La France et l'Europe veulent à tout prix éviter une répétition de l'échec dans l'énergie solaire au début du siècle : l'immense majorité des panneaux photovoltaïques est aujourd'hui fabriquée en Chine.

« La crise du Covid a remis sur le devant de la scène les enjeux de souveraineté industrielle », ajoute Philippe Boucly. « Nous avons déjà déposé plus de 40 brevets, souligne Florence Lambert, la présidente de Genvia. On a la volonté de participer au réveil industriel de l'Europe. » « 80 % de la valeur de nos électrolyseurs sera créée en France », promet Anne-Françoise Laime, déléguée générale France de John Cockerill, qui annonce « 250 emplois directs » dans l'Hexagone.

Sécuriser les commandes

Malgré l'essor attendu de l'hydrogène, ces projets d'usines représentent pour les industriels un pari qui se chiffre à chaque fois en dizaines de millions d'euros. Le feu vert définitif et la montée en charge de la production dépendront des commandes qu'ils parviendront à sécuriser de la part de leurs clients. Les industriels comptent aussi sur des subventions publiques : tous ont soumis des dossiers qui sont en cours d'examen à Bercy et à Bruxelles.

« Nos premiers électrolyseurs sortiront de notre usine d'Aspach début 2023 », reprend Anne-Françoise Laime. McPhy vise un démarrage début 2024. Genvia, qui développe une technologie haute température moins mature, n'annoncera sa décision d'investissement définitive que « fin 2023, début 2024 ».

Vincent Collen

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