La vie d’avant reprend doucement en société… et dans les écoles, aussi. Depuis le 9 juin, on peut de nouveau y organiser « portes ouvertes » et kermesses, « dans le respect des gestes barrières ». Suivra, le 20 juin, le retour des classes vertes, même si nombre d’enseignants, prudents, confient qu’à quelques semaines des vacances d’été ils ne changeront rien au « calendrier ».
Des quinze mois de crise sanitaire qui viennent de s’écouler, ils ont acquis une conviction : l’école a fait – et continuera de faire – office de « laboratoire ». Laboratoire du confinement lorsque, le 12 mars 2020, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a annoncé la fermeture de tous les établissements, de la crèche au lycée, quelques jours avant la mise à l’arrêt du reste de la société. Laboratoire du déconfinement, quand, le 11 mai 2020, le télétravail est resté la règle pour les parents, mais que les cours en « présentiel » ont repris pour leurs enfants.
Laboratoire, aussi, de l’expérimentation des fameux gestes barrières, à commencer par le port du masque étendu, en novembre, aux écoliers dès 6 ans. Laboratoire, enfin, d’une vie en collectivité maintenue « quoi qu’il [leur] en coûte », disent les professeurs : il y avait 418 personnels et 6 884 élèves déclarés positifs au Covid-19 vendredi 11 juin, date du dernier recensement ministériel. Ils étaient respectivement près de 2 800 et 29 000 début avril.
Et après ? L’école pourra-t-elle aussi être, en septembre, ce laboratoire d’un « retour à la normale » que chacun espère ? De Paris à Lyon en passant par le Grand-Est, une même demande remonte des établissements : « Penser la rentrée. » L’heure tourne : avant que la cloche marquant la fin de l’année ne sonne, pour tous, le 6 juillet, enseignants et parents veulent pouvoir « anticiper ».
Sentiment d’« amertume »
Si, au ministère de l’éducation, on reconnaît que la circulaire de rentrée n’est pas prête, sur le terrain, on a pris les devants et rassemblé les questions. Faudra-t-il conserver le masque, alors même qu’il est la première chose qu’on serait tenté d’enlever ? Dans les classes, avec les températures qui grimpent, les enseignants les voient déjà « glisser sous le menton ». Certains s’en alarment ; d’autres s’y sont faits.
« Il n’y a pas, actuellement, de raison scientifique de maintenir le masque pour les enfants de moins de 11 ans », explique au Monde Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie. Sur ce sujet, comme sur la contribution exacte des enfants dans la propagation du virus, les clivages entre pédiatres et épidémiologistes n’ont pas échappé aux professeurs. « On a trop entendu de discours contradictoires pour pouvoir se faire un avis », lâche Stéphane Rio, enseignant d’histoire-géographie en lycée à Marseille.
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