Parmi les étudiants en médecine, la psychiatrie n’a jamais attiré les foules. Mais depuis quelques années, et malgré des besoins en hausse dans la population, la crise des vocations s’aggrave. Cette année, les postes d’internes seront-ils pourvus ? Les acteurs de terrain ont les yeux rivés sur les Epreuves nationales classantes (ECN), dites de « l’internat », qui ont commencé lundi 14 juin. C’est à l’issue de celles-ci que les étudiants en sixième année de médecine formuleront leurs choix de spécialisation.
En psychiatrie, le tournant date de 2012, année où la spécialité ne parvient plus à remplir l’ensemble de ses postes d’internes, avec 4 % des offres non pourvues en moyenne. Mais les deux dernières années ont été particulièrement noires : en 2019, 17 % des places d’internes en psychiatrie sont restées vacantes, 11 % en 2020. « Tout le monde a pris conscience que la situation est préoccupante », reconnaît Patrice Diot, qui préside la conférence des doyens de facultés de médecine. « Les chiffres sont alarmants et nous interrogent sur les raisons de ce désamour et sur ses conséquences en termes de démographie médicale », remarque Marine Gilsanz, présidente de l’Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (Affep).
Ainsi, dans les hôpitaux de Dijon et sa périphérie, seulement cinq places d’internes en psychiatrie sur les quinze ouvertes ont été pourvues. « Pour le moment, on tient, affirme Matthieu Guillaume, interne de 26 ans dans la cité des Ducs, qui a embrassé cette spécialité, inspiré par sa mère psychiatre. Mais si cela se poursuit l’an prochain, cela va devenir très compliqué et ce sera délétère pour la population de Bourgogne. » Moins d’internes, et c’est tout le fonctionnement d’un service qui est grippé : ces étudiants, même s’ils sont toujours en formation, se trouvent souvent en première ligne dans l’accueil des patients. Ce sont surtout des perspectives qui se bouchent quant à la capacité de renouveler les équipes médicales.
« Chevillée au monde social »
Dans ce contexte, l’Affep, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) et l’Association des jeunes psychiatres et jeunes addictologues (AJPJA) ont lancé l’opération #Choisirpsychiatrie, et lancé une étude sur les déterminants de cette baisse d’attractivité. Avant les Assises de la santé mentale qui, promises d’ici à l’été, ont été reportées en septembre, il s’agit aussi de « poser frontalement la question de l’avenir de notre spécialité », explique la présidente de l’AJPJA, Déborah Sebbane.
Il vous reste 77.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.