Mains entortillées devant le tableau blanc, Ayoub, en quatrième au collège Descartes, à Loos (Nord), prend une grande goulée d’air, la prof de français regarde sa montre, 13h39, et c’est parti : «Je présente le métier que je voudrais faire, c’est avocat. Le métier consiste à défendre des gens qui ont commis des crimes. Le salaire au début est autour de 1 500 euros…» Gros blanc. La prof, Camille Desray, le relance : «Quelles peuvent être les choses bien ?» Il réfléchit. «C’est un innocent, et on a réussi à le défendre.» Il s’essuie le front, il est 13h42, il a presque terminé. «Quelles études il faut faire ?» demande un membre du jury. «M1 et M2 en droit pénal. M1 et M2, ça veut dire master 1 et 2», lâche-t-il, soulagé d’avoir la réponse. Il sort, le jury délibère, ce sont trois camarades de classe. «Vous êtes bienveillants, hein ?» rappelle la prof. Ils l’ont jugé intéressant, il a tenu trois minutes… Ah, c’est un petit point négatif, la norme requise se situe entre quatre et cinq minutes. Ayoub revient dans la salle, le jury donne son ressenti : «Il a bien parlé, sauf qu’il mettait ses mains dans ses poches.» Camille Desray rebondit : «Il faudra faire attention à cela la prochaine fois.» Car l’année prochaine, en troisième, ce sera rebelote : l’oral est aussi un exercice demandé au brevet, avant le grand oral du baccalauréat, innovation de la réforme Blanquer, pour ceux qui iront jusqu’en terminale.
A Loos, dans le quar