Ils décrivent une année « chaotique », « fluctuante », « en dents de scie », « décousue ». Des cours de philo une semaine sur deux, avec « pas grand-chose » entre-temps pour avancer seul. Des visios où « on n’entend rien », des notions apprises sur YouTube et des enseignants qui essaient tant bien que mal d’avancer, en ayant passé une partie de l’année à se demander si l’épreuve serait maintenue.
Pour Aram, Thelma, Sofiane et les autres, qui font partie des 526 000 élèves candidats aux baccalauréats général et technologique, l’épreuve de philosophie doit pourtant bien avoir lieu, jeudi 17 juin. Certes, elle est aménagée : il y a trois sujets de dissertation au choix au lieu de deux, ainsi qu’un commentaire de texte. Et, différence de taille avec une année « normale », seule la meilleure note, entre l’épreuve et le contrôle continu, sera conservée.
Il n’empêche, « c’est quand même le bac ». Et comme tous ses camarades, Eloïse Hoedt ne se sentait « pas prête ». Son lycée de Chantilly (Oise) est passé en demi-jauges au retour des vacances de la Toussaint – comme c’est le cas pour tous les lycéens que nous avons interrogés. Le roulement d’un jour sur deux est mal tombé pour elle, car il a fait sauter à chaque fois les heures de philo. « Il y avait des semaines entières où je n’avais pas cours, rapporte la lycéenne. Ce n’était pas facile de suivre la classe virtuelle, où on n’entendait pas grand-chose. Du coup, ceux qui étaient en classe envoyaient leurs notes aux autres. »
Aucune dissertation sur table
Pour Eloïse, les révisions de l’épreuve sont tout aussi « chaotiques » que l’année qui s’achève : son enseignant, « pas très connecté », ne s’est pas rendu disponible pour répondre aux questions pendant les révisions. « On ne nous a quasiment pas parlé du bac, regrette-t-elle. On a fait un seul examen blanc dans l’année, et je n’ai pas fait beaucoup d’études de textes, donc je ne sais pas vraiment comment faire. »
Aram Terzian, lycéen à Paris, n’a fait aucune dissertation sur table, seulement des « plans détaillés » et des contrôles de connaissances. Il éclate franchement de rire quand on lui parle du commentaire, l’un des sujets au choix. « Ma prof nous a déconseillé de prendre ce sujet, qui a la réputation d’être noté plus sévèrement, raconte-t-il. Résultat, on n’a pas du tout vu la méthodologie. » Restent les trois sujets de dissertation. Heureusement qu’ils sont plus nombreux qu’à l’ordinaire, ajoute le jeune homme, qui énumère les notions passées à la trappe : l’art, le travail, la technique, la religion, la raison, la science, la nature et la vérité…
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