Le sujet est douloureux. A la limite du tabou. A l’hôpital, des internes en médecine souffrent d’être soignants. La problématique n’est pas nouvelle mais puisque rien ne change malgré la réglementation, malgré les suicides, malgré une crise du Covid terrassante, l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) appelle à une grève «illimitée» dès ce vendredi, doublée d’une manifestation dans les rues de Paris le lendemain. Sa revendication : qu’un décompte officiel du temps de travail des internes soit réalisé par leur ministère de tutelle pour que, enfin, les horaires indécents appliqués dans certains services soient sanctionnés. Depuis 2015, un décret impose une durée maximale de 48 heures hebdomadaires. Une enquête interne de l’Isni réalisée en 2020 estime le temps de travail moyen des internes à 58,4 heures par semaine. Des spécialités atteignent des sommets effarants : 82 heures en neurochirurgie, 76 pour l’urologie, 74 en chirurgie vasculaire, 69 pour la gynécologie obstétrique, 61 en anesthésie réanimation. «La première violence faite aux internes, c’est le temps de travail, argue Gaétan Casanova, président de l’Intersyndicale. Calculez ce qu’il reste à ces jeunes médecins pour manger et dormir. Pour tenir debout.»
«65 heures par semaine, comme un bon petit larbin»
Olivia, 26 ans, interne en médecine d’urgence à Paris,