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Plan "1 jeune, 1 solution" : la montée en charge de l’accompagnement encore poussive

Monté en urgence pour répondre à la crise, le plan  "1 jeune, 1 solution" apporte des moyens nouveaux à Pôle emploi et aux missions locales pour aider les moins de 26 ans. Mais au niveau des structures, la montée en charge prend du temps.  

En février 2021, 92.818 jeunes étaient suivis dans le dispositif "Garantie jeunes", soit 3.036 de plus qu’en février 2020. Ce même mois, 461.261 jeunes étaient inscrits en parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie (Pacea), soit 39.119 personnes de plus qu’il y a un an. Pour rappel, en 2021, le gouvernement veut doubler à 200.000 les entrées en garantie jeunes et porter de 340.000 à 420.000 les inscriptions en Pacea. Pôle emploi n’est pas en reste : l’opérateur public doit augmenter à 135.000 le nombre d’accompagnements intensifs de jeunes cette même année.

Des objectifs trop ambitieux ? Lors d’une table ronde organisée par l’Ajis (Association des journalistes de l’information sociale), vendredi 18 juin, le directeur de la mission locale La Rochelle Ré Pays d'​Aunis, Loïc Hug (*) regrette un "décalage" entre les annonces gouvernementales de novembre 2020 et la "notification des moyens" arrivée en mai 2021. "Les structures qui n’avaient pas les moyens d’anticiper les recrutements pour mettre en œuvre cette montée en charge ont attendu les notifications parce qu’on ne peut pas se permettre de piloter la voiture avec les yeux bandés", explique-t-il. Il note des moyens "arrivés trop tard" pour certaines structures qui ont vu une hausse des inscriptions et, à l’inverse, "trop tôt" pour d’autres.

Logiques de "stop and go budgétaires" 

Président de la commission "insertion des jeunes" au conseil d’orientation des politiques de jeunesse placé auprès du Premier ministre, Antoine Dulin estime que la cible des 200.000 accompagnements en garantie jeunes ne sera pas atteinte cette année. Au-delà du retard pris dans la publication du décret assouplissant les conditions d’accès et certaines modalités de la garantie jeunes (lire notre article), il met en cause les logiques de "stop and go budgétaires" qui fragilisent les capacités d’intervention des missions locales : "n’oublions pas que la garantie jeunes, en 2018 (…) avait vu ses financements complètement baisser, même chose sur le Pacea", rappelle-t-il.

L’auteur du rapport sur l’évolution de la garantie jeunes (lire notre article) rappelle que les accompagnements actuels ne touchent pas l’ensemble des publics concernés. "Les modalités d’accompagnement intensif, ça marche sur un certain public", estime-t-il rappelant qu’il peut être difficile, pour un jeune très éloigné de l’emploi, d’être présent "de 9 h à 17 h" dans une mission locale. Par ailleurs, Antoine Dulin déplore un "millefeuille de dispositifs", source de complexité pour les agences Pôle emploi et les missions locales.  

Enjeu de "l’appropriation par chacun des professionnels"

Du côté de Pôle emploi, "nous n’avons pas utilisé toutes les ressources en quantité mises à disposition. L’enjeu, pour nous, c’est l’appropriation par chacun des professionnels (…) et le bon usage de façon très personnalisée et individualisée de ces aides et mesures pour chacun des parcours", confirme aussi Nadine Crinier, directrice régionale de Pôle emploi Ile-de-France, qui compte 17% de jeunes inscrits en plus depuis un an. Reste que le plan "1 jeune, 1 solution" produit globalement des effets positifs, sous l’effet conjoint des aides à l’embauche et à l’apprentissage, ainsi que de l’allocation "exceptionnelle" de 497 euros par mois maximum versée aux jeunes en accompagnement individuel intensif. Cette aide financière, qui "débloque des situations" et a évité des ruptures de parcours ou d’entrée en formation, a bénéficié en Ile-de-France à un peu plus de 2.300 jeunes pour un montant moyen de 854 euros.

* et membre du bureau de l’Association nationale des directeurs de mission locale (ANDML)

  • Une "garantie jeunes universelle" très attendue 

A quoi ressemblera la "garantie jeunes universelle" annoncée en début d’année par Elisabeth Borne ? La ministre du Travail a assuré le 18 mai que ce projet permettrait "à chaque jeune de bénéficier d’un accompagnement personnalisé vers l’emploi assorti d’une allocation allant jusqu’à 500 euros par mois s’il en a besoin" (voir notre article). "On voit bien encore que les arbitrages sont toujours en cours, sauf que la garantie jeunes universelle a été annoncée en janvier", relève Antoine Dulin. A ce sujet, il regrette une "incapacité" du gouvernement à "faire travailler ensemble" les missions locales et Pôle emploi "pour construire ces nouveaux parcours qui accompagneraient les jeunes en insertion sociale professionnelle".

 

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