Tenter de déchiffrer sur l’écran des copies reçues en retard et scannées dans le désordre. Renoncer face à un logiciel qui plante et imprimer les PDF. Rentrer les appréciations en ligne, pour voir son lot de copies disparaître. Cette expérience « absurde » et « indigne » est celle décriée par les professeurs de philosophie chargés de corriger les épreuves du baccalauréat.
Cette année, les copies de philosophie, seule épreuve écrite passée par les candidats du bac général, ne sont pas envoyées directement aux correcteurs. Pour réduire les déplacements des enseignants et la manipulation des copies, le ministère de l’éducation nationale a décidé qu’elles seraient numérisées puis distribuées grâce à un logiciel de correction dématérialisée, Santorin. Un outil présenté comme une « aide numérique à la notation et à la correction », mais dont les nombreux dysfonctionnements ont déclenché les foudres des enseignants et des syndicats.
Les copies sont reçues en retard. A « 22 h 50 le vendredi soir », voire le « samedi matin », témoignent les enseignants sur Twitter. En cause, un processus d’une « extrême lenteur » pour scanner toutes les copies, dénonce Bruno Bobkiewicz, secrétaire national du SNPDEN. Il déplore aussi le manque de formation et d’accompagnement des professeurs dans cette transition numérique imposée. Interrogé, le ministère assure que toutes les copies avaient été distribuées avant samedi 11 h, « à quelques unités près ».
« Erreur 503 »
Mais une fois les copies reçues, c’est encore une « suite de catastrophes ». « Il y a des copies illisibles, incomplètes, scannées dans le désordre. Parfois, les copies de deux élèves sont mélangées. Ou alors l’anonymisation n’a pas été faite et le nom du candidat apparaît sur la copie », rapporte Frédéric Le Plaine, président de l’Association pour la création des instituts de recherche sur l’enseignement de la philosophie (Acireph). Des problèmes de numérisation qui ne concernent toutefois, selon le ministère de l’éducation nationale, que 0,47% des copies, rescannées à la demande.
Dans de nombreuses académies, des professeurs signalent aussi un « bug général » de la plate-forme Santorin lundi matin. Le bug a duré une vingtaine de minutes, assure-t-on au ministère. Assez pour perdre de nombreuses corrections en cours. « Erreur 503 », « connexion impossible »… Des lots de copies apparaissent puis disparaissent, alors même qu’ils sont en train d’être corrigés. « C’est toute une matinée de perdue », soupire Sandra Mévrel, professeure à La Réole, en Gironde. D’autant que le temps de correction a été réduit à sept jours ouvrés pour des lots allant en moyenne de 100 à 150 copies par professeur.
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