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L'emploi dans la banque à son plus bas niveau depuis trente ans en France

Selon les chiffres publiés mardi par la Fédération bancaire française, le secteur a perdu 1,7 % de ses effectifs l'an dernier et ne compte plus que 354.000 salariés. Depuis 1990, les effectifs de la profession n'ont jamais été aussi bas. La pandémie a accéléré le mouvement en provoquant une chute importante du nombre d'embauches.

En raison des incertitudes économiques, le nombre d'embauches (CDI + CDD, hors alternants) a fondu, passant de 44.400 en 2019 à 35.300 un an plus tard (- 20,49 %).
En raison des incertitudes économiques, le nombre d'embauches (CDI + CDD, hors alternants) a fondu, passant de 44.400 en 2019 à 35.300 un an plus tard (- 20,49 %). (DAMIEN MEYER/AFP)

Par Édouard Lederer, Romain Gueugneau

Publié le 22 juin 2021 à 16:07Mis à jour le 22 juin 2021 à 20:05

Année noire pour l'emploi bancaire. Après une année de crise sanitaire, le nombre de salariés du secteur a baissé de 1,7 % en 2020 pour tomber à 354.000, selon les chiffres publiés mardi par la Fédération bancaire française (FBF). Depuis le début de la série statistique en 1990, les effectifs de la profession n'ont jamais été aussi bas. Même lors du précédent creux de 2000, lorsqu'elle comptait 354.600 salariés. Si les périmètres et les méthodes de calcul peuvent avoir changé, la baisse reste néanmoins spectaculaire.

Le déclin est encore plus marqué parmi les banques commerciales, dont BNP Paribas ou Société Générale regroupées au sein de l'Association française des banques (AFB). Il atteint 2,9 % d'une année sur l'autre, faisant tomber l'effectif total de cette branche qui n'inclut pas les banques mutualistes à 186.800 salariés à fin 2020. Il s'agit du rythme de baisse le plus important depuis au moins vingt ans.

« Le décrochage correspond au ralentissement de la mobilité dans le secteur compte tenu de la crise et une activité RH forcément ralentie pendant plusieurs mois avec les différents confinements », explique Maya Atig, directrice générale de la FBF, pour qui « l'année 2020 était très exceptionnelle et cet effet est probablement purement temporaire ».

Un rythme élevé de démissions

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En raison des incertitudes économiques, le nombre d'embauches (CDI + CDD, hors alternants) a fondu, passant de 44.400 en 2019 à 35.300 un an plus tard (-20,49 %).

Dans le même temps, le nombre de départs est plus faible que de coutume, mais sans compenser le mouvement général : au total, 40.600 personnes ont quitté leur employeur bancaire l'an dernier (contre 47.300 en 2019, soit -14,3 %).

Au total, le secteur a vu disparaître 25.000 postes depuis 2012. Confrontées aux taux bas qui rognent leurs marges, à l'émergence de nouveaux acteurs, à l'essor du numérique et à la pression réglementaire, plusieurs banques ont annoncé ces derniers mois des plans de restructuration, dont Société Générale, Natixis ou HSBC France.

Mais l'hémorragie s'explique aussi par le rythme élevé de démissions dans la branche, qui reste la première cause de départ même si leur nombre a baissé l'an dernier. « Cela s'explique par l'incertitude économique liée à la crise », poursuit Maya Atig.

Prendre des décisions difficiles

« Il y a un problème structurel dans la banque, lié à l'environnement de taux bas, qui a des conséquences sur l'activité et l'emploi, car les banques peinent à trouver des relais de croissance », pointe Luc Mathieu, secrétaire général de la CFDT banques et assurances.

« Les banques ont tâché de compenser les taux faibles par plus de volumes de prêts, mais on touche les limites », prévient le responsable qui craint que les employeurs taillent à l'avenir davantage dans les coûts.

Ainsi, certains réseaux prennent - ou vont devoir prendre - des décisions difficiles : la fusion (interne au groupe Société Générale) entre l es réseaux Société Générale et Crédit du Nord va se solder par la suppression de 600 agences. Et les syndicats redoutent jusqu'à 5.000 suppressions de postes à horizon 2025.

La potion française moins amère qu'en Europe

La potion française reste tout de même moins amère que sur le Vieux Continent, où les suppressions d'emplois se comptent en dizaines de milliers. L'explication se trouve en grande partie dans la grande crise financière de 2007-2008, puis dans celle de la zone euro (en 2010) qui ont plutôt moins touché la France et ses établissements que les pays voisins.

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Dans le détail, fin 2010, l'Allemagne comptait 657.100 salariés dans le secteur, selon les données de la Fédération bancaire européenne (EBF), contre 578.596 à fin 2019. Le plus gros employeur bancaire d'Europe a ainsi vu disparaître 78.500 emplois sur la période.

La chute est tout aussi impressionnante aux Pays-Bas, avec plus de 61.000 emplois supprimés entre 2010 et 2019, soit près d'un sur deux.

Le contexte est aussi très perturbé en Espagne où se multiplient les fusions entre banques, mais aussi les suppressions de postes. Dans ce pays touché de plein fouet par les deux crises de 2007 et 2011, la réduction a été de 90.268 emplois, faisant tomber l'effectif total à 173.447 personnes à fin 2019. Selon ces mêmes données, l'Italie a perdu 38.730 emplois sur la période.

Edouard Lederer et Romain Gueugneau

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