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Valérie Pécresse au JDD : "Je veux que tout devienne possible pour les jeunes"

INTERVIEW - Valérie Pécresse, candidate de la droite en pour les régionales en Île-de-France, dévoile dans le JDD les mesures qu’elle propose en faveur des jeunes pour la mandature 2021-2027.

Bertrand Gréco , Mis à jour le
Valérie Pécresse
Valérie Pécresse © Florence Levillain pour le JDD

La présidente sortante de la Région Ile-de-France a un plan pour les jeunes. Dans son programme en tant que candidate aux régionales des 20 et 27 juin, elle propose de créer "une agence de la promesse républicaine" pour lutter contre le décrochage scolaire, les discriminations et pour l'inclusion des personnes en situation de handicap. Elle souhaite que Jean-Marc Mormeck, sextuple champion du monde de boxe et actuel délégué régional aux quartiers populaires de la région, dirige cette agence. Elle évoque également la campagne électorale et redoute la victoire d’une "gauche radicale, décroissante et indigéniste", mais exclut toute alliance de second tour avec LREM.

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Quelles sont vos priorités pour les jeunes?
L'Île-de-France est l'une des Régions les plus jeunes de France. Sa population croît de 50.000 habitants par an. Dans ce contexte démographique, auquel s'ajoute la crise économique que nous traversons, il est indispensable de mettre le paquet sur la promesse républicaine, l'éducation, l'intégration, l'inclusion. Je veux faire en sorte que tout devienne possible pour les jeunes dans notre Région.

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Qu'est-ce que la "promesse républicaine"?
Si tu travailles, si tu fais des efforts, la Région t'aidera à trouver ta voie. Si tu trébuches, la Région t'aidera à te relever. Mais tout doit reposer sur le mérite.

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Sur quels outils comptez-vous vous appuyer?
Nous allons créer une agence de la promesse républicaine, chargée de l'orientation, de la lutte contre le décrochage, du combat contre les discriminations et de l'inclusion des Franciliens en situation de handicap. Cette entité, dotée d'une personnalité morale, coordonnera toutes les actions aujourd'hui menées par la Région et récupérera les budgets existants. La direction de cette agence pourrait être confiée à Jean-Marc Mormeck, le sextuple champion du monde de boxe, qui est mon délégué aux quartiers populaires.

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Nous allons baisser les tarifs des cantines pour les familles modestes durement touchées par la crise

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Que peut faire la Région en matière d'orientation scolaire?
Nos agents iront dans les lycées à la rencontre des élèves pour les orienter vers les métiers qui recrutent. C'est le cas de sept secteurs : le numérique, le médico-social, la construction et le BTP, l'environnement, la sécurité, l'agroalimentaire et l'industrie.

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Comment lutter contre le décrochage?
Nous avons déjà fait beaucoup. Nous avons obtenu du ministère de l'Éducation nationale, de haute lutte, le fichier des décrocheurs franciliens ; ils sont 30.000 par an dans les collèges et les lycées. Nous les appelons un par un. C'est ainsi que nous sommes passés de 7% à 57% de décrocheurs "raccrochés", c'est-à-dire réinsérés dans des écoles de la deuxième chance ou en formation. L'objectif est d'atteindre les 100% dans la prochaine mandature. Côté prévention, nous allons créer une réserve régionale éducative en recrutant des professeurs à la retraite pour faire du soutien scolaire dans les lycées. La Région les rémunérerait aux tarifs horaires de l'Éducation nationale, entre 40 et 60 euros de l'heure.

Tous les candidats franciliens veulent mettre en place soit un "RSA jeune" soit un "revenu d'urgence pour les jeunes". Et vous?
Je suis résolument contre ces propositions d'assistanat. Ma valeur, c'est le travail. La Région n'aide financièrement que les jeunes qui acceptent de se former aux métiers des secteurs qui recrutent. Notre Revenu jeunes actifs [RJA] de 4 000 euros sur six mois – 670 euros par mois – s'adresse aux 18-25 ans qui prennent cet engagement. Par ailleurs, nous attribuons des bourses de 1.000 euros aux non-bacheliers qui veulent reprendre leurs études. Le mérite, encore. Je souhaite également créer une Banque régionale des jeunes pour accorder chaque année 50 000 prêts étudiants à ceux qui n'ont pas de caution parentale, et 20.000 prêts d'honneur de 10.000 euros aux jeunes qui veulent créer leur entreprise.

Que proposez-vous encore pour les lycéens?
Nous allons baisser les tarifs des cantines pour les familles modestes durement touchées par la crise : le repas passera à 50 centimes, contre 1,50 euro aujourd'hui. Nous n'instaurerons pas la gratuité totale pour maintenir un esprit de responsabilité et éviter le gaspillage alimentaire. Pour accroître l'égalité des chances, je souhaite que notre Région soit totalement multilingue. Nous passerons de 80 à 150 classes internationales dans la mandature. Et nous ouvrirons un lycée international dans chaque département qui n'en a pas : Palaiseau (91), Vincennes 94), Gonesse (95) Dans les territoires ruraux, nous demanderons au ministre la création de classes post-bac – BTS, licence professionnelle, prépas – dans chaque lycée, pour pallier l'éloignement des formations supérieures.

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Nous allons mettre en place, dès l'été, un passe Navigo Culture

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Vos adversaires vous reprochent de gros retards d'investissement dans la rénovation des lycées…
En 2015, quand j'ai été élue, il y avait 200 lycées vétustes et 20 000 élèves dans des préfabriqués. C'est la honte de la gauche ! Nous avons mis 6 milliards d'euros sur la table d'ici à 2027 : les trois quarts des rénovations de ces établissements ont été lancées, 77 opérations ont déjà été livrées. Nous construirons ainsi 14 nouveaux lycées, ferons 23 extensions et créerons 30 000 places.

Quid de la sécurité dans les établissements?
Nos lycées doivent être des sanctuaires. Il y aura un référent harcèlement dans chacun d'eux, en lien avec les brigades régionales de sécurité [BRS], que nous avons créées et qui se sont révélées très précieuses. Depuis 2019, leurs agents ont fait plus de 1.000 interventions, notamment pour lutter contre les affrontements de bandes. Il y a quelques semaines, ils ont même démantelé un réseau de prostitution lycéenne dans un établissement de l'Est parisien. Nous passerons de cinq à dix BRS dans le mandat, avec au moins une femme dans chaque unité. Nous allons aussi créer le premier centre régional de supervision des caméras de vidéoprotection des lycées ; il sera basé au siège de la Région, à Saint-Ouen.

Comment comptez-vous accompagner le retour de la culture après le confinement?
Nous allons mettre en place, dès l'été, un passe Navigo Culture, décliné en passe Senior Culture et un passe Imagin'R Culture pour les jeunes. Sur présentation de leur titre de transport, les Franciliens bénéficieront d'une réduction de 5, 10 ou 15 % dans plus de 200 lieux de culture, musées, cinémas, salles de spectacle et de concert, etc. Je dis au monde culturel : nous vous avons aidé financièrement pendant la crise, faites un geste.

N'est-ce pas redondant avec le pass Culture annoncé récemment par Emmanuel Macron?
Ce pass Culture du gouvernement est un chèque [de 300 euros] qui ne s'adresse qu'aux jeunes. Notre dispositif, lui, sera pérenne et concernera tous les Franciliens, "de 7 à 77 ans", et même plus… comme le dit la chanson! 

Vous aviez annoncé dans le JDD en 2015 "l'achat de 700 nouvelles rames de RER et de Transilien d'ici à 2021". Les écologistes ne dénombrent que "203 rames neuves, dont 34 seulement commandées par l'actuelle majorité". Qui dit vrai?
Heureusement que le ridicule ne tue pas! La vérité, c'est que 650 rames neuves ou rénovées seront livrées d'ici à la fin de l'année. Cela représente 60% des trains et RER et concerne 3 millions de voyageurs. Tout le monde avait dit que je n'y arriverais pas, nous y sommes arrivés. L'écologie des solutions et des résultats, c'est nous. D'ici à 2027, nous renouvellerons les RER et les deux tiers des rames du métro. Nous voulons aussi automatiser les RER B, D et E, et les lignes 4, 13, 7, 8 et 9 du métro.

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Il y a un vrai danger de voir arriver au pouvoir dans notre Région une gauche radicale, qui a perdu sa boussole républicaine

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Le niveau de production de logements sociaux est "au plus bas en Île-de-France depuis quatorze ans", selon l'Aorif (Association des organismes de logement social d'Île-de-France), alors que le nombre de demandeurs atteint 745.000. Est-ce un échec?
Il est vrai que l'Île-de-France est une Région du mal-logement. C'est pourquoi il faut continuer à construire – contrairement à ce que préconise la gauche décroissante. Avec l'EPFIF [Établissement public foncier d'Île-de-France], nous mobilisons tout le foncier disponible, tout en gardant l'objectif de zéro artificialisation nette d'ici à 2050 pour protéger les forêts et les terres agricoles. Par ailleurs, nous avons fixé un plafond anti-ghettos : la Région ne finance plus de logements très sociaux dans les communes qui en ont déjà plus de 30%. N'en déplaise à la gauche, 80% des logements sociaux que nous avons financés depuis 2015 ont été construits dans des villes carencées, pour plus de mixité sociale.

L'opposition régionale vous reproche de financer davantage vos amis politiques…
C'est totalement faux! Nous avons rééquilibré les aides au profit de la petite et surtout de la grande couronne et tenu compte de la situation sociale des territoires : le département le plus aidé est la Seine-Saint-Denis (945 euros par habitant) ; et le moins aidé, les Hauts-de-Seine (614 euros). En moyenne, nous avons dépensé 744 euros par habitant sur la mandature.

Vous êtes la grande favorite des sondages, avec 33 % d'intentions de vote au premier tour. Craignez-vous une démobilisation de votre électorat?
Chirac disait, à propos des sondages : "Il faut mépriser les hauts et repriser les bas." J'appelle les Franciliens à aller voter. Il y a un vrai danger de voir arriver au pouvoir dans notre Région une gauche radicale, qui a perdu sa boussole républicaine. Cette gauche-là, que ce soit Julien Bayou [EELV], Clémentine Autain [LFI] ou Audrey Pulvar [apparentée PS], n'a rien à voir avec la gauche sociale-démocrate de Jean-Paul Huchon. Elle est décroissante, indigéniste, communautariste. Aucun de ces candidats ne s'est rendu à la manifestation devant l'Assemblée nationale pour soutenir les policiers meurtris. Pourtant, Anne Hidalgo et Olivier Faure y étaient. Tous se sont opposés à notre charte de la laïcité et à l'interdiction des burkinis dans les bases de loisirs. Attention au risque d'éparpillement des voix ! Voter LREM ou RN, c'est prendre le risque de faire gagner cette gauche des "zadistes" ou des islamo-gauchistes.

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Le vrai rempart au RN, c'est une droite qui, comme nous, assume ses valeurs d'autorité et d'ordre

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Vous rangez-vous du côté du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui envisage de porter plainte contre Audrey Pulvar pour ses propos sur la police? Ou soutenez-vous la candidate qui défend sa liberté d'expression?
Les propos de Mme Pulvar, je les condamne depuis un an. M. Darmanin se réveille maintenant, mais les policiers attendent des actes. Ils n'ont pas besoin de tartarinades! Je prône un choc d'autorité dans ce pays. Je réclame des peines plancher pour tous ceux qui attaquent les figures d'autorité, les policiers, les professeurs, les pompiers ou les maires, afin de donner un coup d'arrêt au sentiment d'impunité.

Une alliance avec LREM au second tour est-elle totalement exclue face à cette menace de la gauche?
Oui, elle est exclue. Je fais le choix de la clarté, pas de la tambouille politique. Mon équipe est majoritairement composée de candidats de la droite et du centre, mais aussi de la société civile. Des élus MoDem, Agir ou Radicaux m'ont rejointe, ainsi que le Mouvement écologiste indépendant d'Antoine Waechter, l'Union des centristes et des écologistes de Christophe Madrolle, l'ancien patron des Verts Yann Wehrling, le président de l'association Respire, Olivier Blond… Il n'y aura aucun changement d'équipe, ni de projet entre les deux tours.

Le candidat macroniste Laurent Saint-Martin considère que vous incarnez "une droite conservatrice", qui "gouverne avec Sens commun, s'est opposée au mariage pour tous, fait un lien direct entre immigration et terrorisme…"
Ces déclarations méritent la palme de l'hypocrisie politique. Quand on choisit trois têtes de listes – Thierry Solère, Nathalie Elimas et Aurélie Taquillain – qui ont participé à la manifestation contre le mariage pour tous, et qui ont approuvé toutes les délibérations votées pendant mon mandat, il faut beaucoup de duplicité pour oser m'attaquer.

Pourquoi l'extrême droite ne semble pas être une menace en Île-de-France?
Le vrai rempart au RN, c'est une droite qui, comme nous, assume ses valeurs d'autorité et d'ordre, tout en luttant contre les fractures sociales et territoriales.

Vous avez fait de votre réélection la condition d'une possible candidature à l'Élysée en 2022. Pourriez-vous vous détourner de l'Île-de-France au lendemain de votre réélection?
La seule candidate qui a vraiment la Région au cœur, c'est moi! Mes adversaires sont candidats par procuration : d'Anne Hidalgo, de Marine Le Pen, d'Emmanuel Macron… De mon côté, Je suis une femme libre. Et je garantis que mon projet sera mis en œuvre, comme le précédent. Soit les Franciliens me renouvellent leur confiance, soit j'arrête la politique.

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