Voie pro, voie de garage… Le cliché a la vie dure, déplore Cassandra. La jeune fille, scolarisée dans un lycée public de Meaux (Seine-et-Marne), planchera à partir de ce mercredi 16 juin sur les épreuves du baccalauréat professionnel, en filière vente. Cassandra se dit « heureuse », convaincue d’avoir emprunté le bon chemin. Mais elle n’a pas oublié les remarques, voire les menaces de plusieurs de ses enseignants de collège qui présentaient la voie pro « comme une punition », dans l’espoir d’aiguillonner les plus faibles, les moins travailleurs.

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« En fin de troisième, j’en avais marre de la voie générale, retrace-t-elle. Mais au moment de la quitter, on se pose des questions. On sait qu’on sera considérée comme une moins que rien… » Autour d’elle, nombre d’élèves de la voie pro ne l’ont pas vraiment choisie. « La plupart ont finalement pris conscience, comme moi, que cela pouvait être une chance », assure Cassandra citant, dans la filière service, une spécialisation progressive après l’année de seconde et surtout « des professeurs qui sont vraiment à nos côtés, qui nous aident à construire notre avenir ».

Cassandra n’est pas la seule à s’être engagée avec réticence dans la voie pro, avant d’en apprécier les atouts. Un frère en école d’ingénieur, une sœur en médecine, Étienne ne s’imaginait guère bifurquer un jour vers un baccalauréat professionnel. Mais pour cet élève du lycée Saint-Joseph à Dijon (Côte-d’Or), le choix a fini par s’imposer lorsque, en classe de première technologique, ses résultats scolaires lui sont apparus irrémédiablement insuffisants.

Travaux pratiques et stages en entreprise

« Cette année-là, au mois de janvier, on m’a donné la possibilité de passer quelques jours en immersion dans plusieurs classes de bac pro, y compris dans un établissement voisin, en travaux publics, en menuiserie, en électricité. » C’est là qu’est venu le déclic, le début d’une « passion » pour l’électricité, comme le décrit Étienne.

« En voie pro, où j’ai recommencé une année de première, l’enseignement passe beaucoup par la manipulation, les travaux pratiques et bien sûr, les quatre mois de stage en entreprise », approuve Étienne. Cette plongée dans le monde du travail lui a permis d’observer que les plus diplômés occupaient souvent les postes les plus intéressants, ce qui l’a beaucoup « remotivé pour les apprentissages scolaires ». À tel point qu’Étienne, dans les tout derniers lorsqu’il étudiait en voie techno est désormais premier de sa classe de terminale en voie pro.

« En arrivant dans la voie pro, j’ai repris goût à l’école, j’ai recommencé à me lever avec plaisir le matin », se souvient de son côté Laura, qui poursuit elle aussi sa scolarité au lycée Saint-Joseph, à Dijon (Côte-d’Or). La jeune fille avait pourtant longuement hésité. Y compris parce que rejoindre une quatrième « découverte » supposait de passer sur un autre site de l’établissement, dans l’enceinte du lycée pro, loin de ses copines.

« Apprendre ne me fait plus peur ! »

À l’époque, Laura pensait arrêter au plus vite sa scolarité pour chercher du travail. « Mais travailler avec mes mains m’a redonné confiance en moi », sourit la jeune femme. Comme Étienne et Cassandra, qui devraient continuer l’an prochain en BTS (respectivement en robotique et en « négociation et digitalisation de la relation client »), Laura a finalement poursuivi des études dans le supérieur. C’est le cas de quatre bacheliers professionnels sur dix, même si leurs chances de réussite sont inférieures à celles des autres bacheliers s’ils rejoignent une université.

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Âgée de 21 ans tout ronds ce mercredi 16 juin, Laura, qui s’apprête à passer les épreuves de son BTS « conception et réalisation des systèmes automatiques », a déjà effectué des démarches pour poursuivre en troisième année de licence en sciences de l’ingénieur électromécanique. « L’enseignement y sera sans doute un peu plus académique. Mais je suivrai ce cursus en alternance pour rester en prise avec le monde professionnel », souligne celle qui envisage même de tenter dans la foulée une école d’ingénieur : « Apprendre ne me fait plus peur ! »

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Le bac pro 2021 réaménagé

Le baccalauréat professionnel démarre ce mercredi 16 juin, avec une journée d’avance sur le bac général et le bac technologique. Les candidats commencent par l’épreuve de français et d’histoire-géo-enseignement moral et civique.

En bac pro, les quatre épreuves « ponctuelles » (français ; histoire-géographie et enseignement moral et civique ; prévention-santé-environnement et économie-droit ou économie-gestion) ont lieu. Mais afin de tenir compte des circonstances particulières de sa préparation dans le contexte du Covid, seules les deux meilleures notes - affectées de leur coefficient - entrent en ligne de compte pour la délivrance du diplôme.