Comité national de suivi, mission d’inspection générale et émissaire ministériel dépêché en urgence dans les universités n’y auront pas suffi : c’est maintenant à un séminaire national que s’en remettent les facultés de santé, pour tirer les enseignements de la mise en place de la réforme de l’accès aux études de santé à la rentrée 2020. Lundi 5 juillet, le ministère de l’enseignement supérieur devait convier toutes les parties prenantes avec l’espoir de redonner de l’ampleur à une réforme complexe et mal anticipée financièrement. Cinq groupes de travail ont été constitués, sous la houlette de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, qui remettront leurs propositions d’amélioration le 12 juillet.
La genèse de cette réforme remonte à septembre 2018 quand Emmanuel Macron annonce vouloir mettre fin à la première année commune aux études de santé (Paces) qui, depuis près de dix ans, génère un échec massif d’étudiants recalés au concours d’accès en deuxième année, sans autre perspective que de redémarrer de zéro leurs études. Le chef de l’Etat prévoit la suppression du numerus clausus ainsi qu’une réforme créant deux nouvelles voies d’accès à la rentrée 2020 : les parcours d’accès santé spécifique (PASS) et licences avec accès santé (LAS). Ces parcours rénovés doivent permettre de candidater deux fois sans redoubler et de progresser dans son cursus même en cas d’échec à l’admission en études de santé grâce à un double cursus dans une autre licence (sciences, droit, économie, psychologie, etc.).
Il s’agit aussi de montrer l’apport des « humanités » face aux enjeux posés par les maladies chroniques et le vieillissement de la population. L’objectif affiché n’est plus seulement la réussite aux études de médecine mais la formation d’un bon praticien, à l’écoute de ses patients et pourvu de qualités nouvelles comme la créativité, la réflexivité, l’aptitude à communiquer.
Neuf mois plus tard, loin de disparaître, « le gâchis humain » hante toujours les deux nouvelles filières. L’ultrasélectivité, le bachotage, l’évaluation par QCM, les abandons en cours d’année et parfois même les programmes de la Paces ont largement perduré.
Erreur de communication
L’horizon s’est bouché pour des milliers d’étudiants qui n’ont eu aucune visibilité sur leurs chances de réussite, les facultés de santé ayant publié avec un an de retard, pour la plupart en mars, leurs capacités d’accueil en deuxième année dans chacune des filières (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie). Aujourd’hui encore, elles tardent à annoncer aux non-admis le nombre de places qui leur est réservé au sein de leur licence d’ouverture au titre de leur « deuxième chance » d’accès aux études de santé. Avec des effectifs déjà saturés, les licences ne pourront pas toutes accueillir ces étudiants pour qui la voie est libre pour une réorientation sur Parcoursup.
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