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L'économie maritime durable cherche encore son cap vers la croissance responsable

En plein boom, les activités maritimes apparaissent de plus en plus comme un levier de développement économique et une réponse aux grands enjeux de société. A condition d'avancer de concert.

Retour de la pêche, chalutiers dans le port de Guilvinec, dans le Finistère, Bretagne, France.
Retour de la pêche, chalutiers dans le port de Guilvinec, dans le Finistère, Bretagne, France. (Begir/Shutterstock)
Publié le 6 juil. 2021 à 07:54Mis à jour le 6 juil. 2021 à 10:02

« La dernière révolution économique et industrielle était celle d'Internet, la prochaine sera maritime », lance l'ancien secrétaire général du Grenelle de la mer, Christian Buchet, aujourd'hui directeur du centre d'études de la mer à l'Institut catholique de Paris. Pêche, tourisme, éolien offshore, aquaculture… Les activités maritimes pourraient ainsi peser, selon l'OCDE, 3.000 milliards de dollars dans l'économie mondiale en 2030, soit deux fois plus qu'en 2011.

Une manne qui suscite bien des convoitises. Grâce aux investissements pharaoniques réalisés dans des ports situés partout sur le globe, la Chine entend ainsi devenir l'une des plus grandes puissances maritimes au monde . « Elle a compris que ceux qui maîtrisaient les flux maîtrisaient le monde », souligne ainsi Christian Buchet. L'empire du Milieu est d'ailleurs le premier opérateur portuaire de la planète. A côté de ses quelque 200.000 navires de pêche de haute mer, il dispose aujourd'hui de la plus grosse flotte de police maritime du globe.

La France dans la course

Dans cette course à la mer, la France dispose de sérieux atouts. « Avec 11 millions de kilomètres carrés de côtes, elle possède le deuxième espace maritime le plus puissant de la planète », rappelle Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster Maritime Français, une association qui regroupe 440 acteurs de l'économie maritime. Elle n'a pourtant pas, aujourd'hui, le poids qu'elle devrait.

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Un problème avant tout de culture. « Chez nous, le Salon de l'agriculture a toujours eu plus d'importance que le Salon nautique », sourit-il. « Nous nous sommes toujours considérés avant tout comme des Terriens. » La donne semble toutefois peu à peu en train de changer. En atteste la création d'un ministère de la Mer en juillet 2020 ou le lancement, en novembre dernier, du Fontenoy du maritime.

Une grande consultation visant à renforcer la compétitivité de la filière maritime française qui représente aujourd'hui 360.000 emplois directs pour une valeur de 91,6 milliards d'euros. « Avec la publication du rapport du Giec sur l'océan et la cryosphère en septembre 2019, les responsables politiques ont vraiment pris conscience du rôle essentiel que joue l'océan dans l'avenir de l'humanité », indique Yves-Marie Paulet.

Un radiateur du climat

Ainsi, les mers qui recouvrent plus de 70 % de notre planète, créent 50 % de notre oxygène et représentent 80 % de la biodiversité terrestre. Véritable radiateur du climat, elles absorbent également 30 % de nos émissions de gaz à effet de serre et plus de 90 % de la chaleur générée par nos activités. Mais cet équilibre est fragile.

Tout l'enjeu aujourd'hui est d'arriver à exploiter le potentiel maritime pour répondre aux grands défis de demain, que ce soit en termes de santé, d'alimentation ou de réchauffement climatique, mais sans reproduire les erreurs commises par le passé sur les continents.

« Si on veut que la vie sur Terre soit durable, on doit produire sans détruire », insiste l'océanographe Yves-Marie Paulet, vice-président chargé de la mer à l'université de Bretagne-Occidentale. C'est ce qui a poussé les Nations unies à lancer, en janvier dernier, la décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable qui doit s'étaler jusqu'à la fin de l'année 2030. L'idée ? Enrichir les connaissances sur l'océan afin de mettre au point des solutions au service des objectifs de développement durable (ODD) adoptés en 2015.

L'Union européenne vient, de son côté, d'intégrer à son programme cadre pour la recherche et l'innovation Horizon Europe (2021-2030) la mission Starfish 2030. « Le but est de mettre en place une boîte à outils pour un océan décarboné et durable », confirme Yves-Marie Paulet.

Favoriser une croissance soutenable

Reste à s'entendre sur ce qu'on met derrière le mot durable. « Certains acteurs voudraient pousser le curseur jusqu'à la sanctuarisation », explique Frédéric Moncany de Saint-Aignan. « De notre côté, nous plaidons plutôt pour une croissance soutenable avec le développement de nouvelles activités comme les biotechnologies, les énergies propres… Cela exige, bien sûr, plus d'innovation, donc plus de moyens financiers. Mais, si on estime que la mer est un vrai levier pour l'emploi, la croissance et la transformation de la société, on doit la mettre au coeur de notre modèle économique, et vite. »

Mathilde Riaud

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