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Mode

Haute couture : Comment Paris veut verdir ses défilés

Accusée d'être l'une des industries les plus polluantes, la mode veut mesurer et accélérer ses efforts. La place de Paris se pose en modèle.

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Présentation de la collection printemps-été 2021 de Fendi (du designer Kim Jones) lors de la Fashion Week à Paris en janvier 2021

Présentation de la collection printemps-été 2021 de Fendi (du designer Kim Jones) lors de la Fashion Week à Paris en janvier 2021

STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

En janvier, dans un entretien au Monde, la créatrice Isabel Marant faisait part de ses doutes sur la réalité de l’écologie devenue la boussole de la communication du secteur de la mode. "On nage en pleine greenwashing", disait-elle. Accusée d’être l’une des industries les plus polluantes, la mode veut se donner les moyens de prouver sa vertu. Depuis près de dix-huit mois, la Fédération de la haute couture et de la mode, qui rassemble une centaine de maisons de création françaises et internationales, travaille ainsi avec le cabinet PWC et de nombreuses institutions du secteur. Objectif: mettre au point des outils de mesure d’impact environnemental, social et économique de cette activité. Chaque année, Paris organise et accueille Fashion Weeks et défilés de haute couture, pour beaucoup dans le cadre du Palais de Tokyo, entre Seine et Trocadéro, dans le 16e arrondissement de Paris. La place de Paris domine ses concurrentes avec un nombre de maisons participantes supérieur à la place Milan ou à celle de Shangaï qui progresse très vite. Son devoir d’exemplarité nécessite des efforts.

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"Du brief créatif au démontage"

"Alors que la révolution numérique s’impose, celle du développement durable ressort d’une démarche volontaire, explique Pascal Morand, le président exécutif de la Fédération de la haute couture et de la mode lors d’une présentation le 4 juin, mais il y a un sujet d’objectivation. Il fallait un outil simple, ludique, qui fonctionne sur ordinateur et sur mobile et apporte des résultats immédiats."

Deux logiciels évolutifs sont désormais à la disposition des maisons de mode. Le premier calculera l’impact en équivalent de tonnes de CO2 de toutes les facettes des évènements des marques, défilés de mode en tête. Au fil de 120 questions, tout sera compté, "du brief créatif au démontage", du transport des matériaux et des mannequins jusqu’à l’impact de la moquette déployée au sol, des lampes et projecteurs et des quantités de déchets produits en passant bien sûr par les vêtements déployés lors du défilé. Même l’impact du digital sera analysé. Les flux vidéo seront agrégés jusqu’à sept jours après l’évènement.

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Chaque maison pourra ainsi en amont arbitrer la solution la plus vertueuse sur le plan écologique. "Les décisions doivent se prendre au moment de la conception de l’événement, explique Pascal Morand. Après c’est l’heure du bilan, importante pour recueillir de la donnée." A chaque entreprise de vérifier les coûts des mesures envisagées: l’outil ne prend pas en compte cette dimension… La base des éléments recueillis permettra aux maisons de mode de situer leur degré de vertu environnementale lors de ses évènements par rapport à la moyenne du secteur.

Un deuxième outil permettra de mesurer l’engagement RSE et la performance environnementale et sociale d’une collection sur une saison en saisissant toute la chaine de valeur industrielle. Il pourra à terme intéresser le secteur plus large de l’habillement. La Chambre de la haute couture et de la mode et son partenaire PWC promettent des résultats globaux précis mais les résultats de chaque maison resteront confidentiels.

Larges consultations

Pour mettre au point ces vastes benchmarks écologiques, les deux partenaires ont consulté 37 parties prenantes de l’écosystème au cours de 28 entretiens de travail depuis le lancement du projet en octobre 2019. Des maisons mais aussi des agences de production, de mannequin, de presse, de communication, des responsables des lieux comme le Palais de Tokyo ou des institutions. Il a fallu déterminer les bons critères, soit des indicateurs fiables et disponibles pour les maisons. L’Institut français de la mode et la PFW ont aidé à la conception de ces outils qui ont vocation à traverser les frontières françaises et même à s’étendre au secteur culturel. Ils pourraient servir à rationnaliser l’organisation d’expositions d’art, par exemple.

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Les deux partenaires soulignent le "formidable engagement des maisons", qu’elles soient de grandes tailles ou plus confidentielles. Tout est prêt, désormais, à quelques mois de la Paris Fashion Week féminine de septembre 2021. Reste à utiliser et roder l’outil.

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