Nafissatou*, une jeune mère sénégalaise, a rendez-vous ce matin de juillet au numéro 9 de la rue du Maréchal-Maison, à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Elle se présente, une petite fille à la main, devant la porte vitrée d’un HLM de la mairie. Elle pianote sur l’interphone, cherche Juris Secours, une association qui s’occupe de l’accompagnement juridique des plus précaires et qui installe ses permanences là où sont les besoins, en bas des cités. La jeune femme est accueillie par une bénévole, Fanny Bosc, 21 ans, étudiante en droit à l’université Paris-I. Nafissatou raconte son histoire et elle n’a qu’une seule requête : comment faire pour protéger son enfant de l’excision ? « Quand on arrive ici, certaines questions créent un choc », reconnaît Fanny Bosc, qui commençait alors sa première semaine sur le terrain, loin de l’atmosphère feutrée de sa faculté.
« Nous venons en aide à toute personne qui subit une situation d’injustice », résume Kahina Saadi
Créée en 1991 par des avocats du barreau de Paris, l’association Juris Secours est un point d’écoute pour les femmes confrontées au mariage forcé, soumises au droit de la famille du pays d’origine, victimes de violences sexistes et sexuelles. « Nous venons en aide à toute personne qui subit une situation d’injustice », résume Kahina Saadi, sa directrice. L’association fonctionne sur le modèle d’une « clinique juridique » : des étudiants viennent se former à la pratique sous le contrôle de praticiens du droit. Pour les futurs juristes, c’est une méthode d’enseignement du droit fondée sur l’apprentissage par l’expérience de cas réels, concrets.
Des cas concrets, il y en a chaque jour de nouveaux au sein de l’association. En 2019, la dernière année qui n’a pas été perturbée par la crise sanitaire, 2 102 personnes ont reçu une aide juridique ou administrative des six salariés de l’association, épaulés par 166 bénévoles. « Nous ne pourrions réaliser notre mission sans l’aide des étudiants », reconnaît Aimée Bundgaard, juriste au sein de l’association. Les tâches sont multiples.
« Nafissatou, nous l’avons écoutée avec la plus grande bienveillance possible, nous l’avons accompagnée dans ses démarches administratives pour aboutir à une demande de nationalité française pour sa fille, en espérant qu’elle ne soit pas contrainte à rejoindre sa famille », raconte Fanny Bosc.
Arcanes de l’administration et fracture numérique
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