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Comment le gouvernement tente d'endiguer la colère des étudiants sans master

Pour répondre à la colère des étudiants sans master, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé la création de 4.400 places en master d'ici à la rentrée. Elle promet aussi un nouveau mode de gestion des flux, s'inspirant de Parcoursup, pour 2022.

En 2022, le jeu des désistements pour les places en master devrait être géré comme Parcoursup.
En 2022, le jeu des désistements pour les places en master devrait être géré comme Parcoursup. (Getty Images)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 15 juil. 2021 à 12:03Mis à jour le 15 juil. 2021 à 13:56

Ils expriment leur colère avec le hashtag #EtudiantsSansMaster, devenu populaire sur les réseaux sociaux. « Nous sommes de bons étudiants, nous avons eu des mentions et pourtant, nous n'avons aucun master », indique la pétition en ligne « Stop au massacre de la sélection en master ! » Selon ses rédacteurs, « des dizaines de milliers d'étudiants de licence » sont ainsi « dans l'attente et dans l'angoisse » d'obtenir une affectation.

« On nous encourage à continuer nos études mais, au final, on se retrouve avec une sélection et des places mal allouées par le ministère », déplore Léa, coauteure de la pétition. Etudiante à Toulouse, elle est en liste d'attente sur ses dix dossiers de candidature en droit. Les étudiants sans master réclament des créations de places. Au moins 20.000 seraient nécessaires, selon l'UNEF. Ils dénoncent aussi la lourdeur de la procédure de réaffectation des places, jugée bien trop longue.

Au ministère de l'Enseignement supérieur, on refuse toutefois de parler d'explosion du nombre d' étudiants sans master . Il y a moitié moins de recours que l'année dernière à la même date, glisse-t-on aussi, tout en reconnaissant un problème, notamment dans les masters les plus sélectifs, pour lesquels la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, vient d'annoncer la création de 4.400 places d'ici la rentrée. L'annonce a été diversement appréciée. Combien de postes d'enseignants seront créés pour pourvoir ces places, s'inquiètent des enseignants-chercheurs ?

Le jeu des désistements

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Tout en reconnaissant que des étudiants sont aujourd'hui dans l'attente d'une réponse à leurs demandes de master, les présidents d'université estiment, de leur côté, que la situation n'est « pas spécialement différente » des autres années. « On est au début du processus, relativise également François Germinet, président de la commission formation de la Conférence des présidents d'université (CPU). Des étudiants classés dans plusieurs masters vont libérer des places, le jeu des désistements va commencer dans cette deuxième quinzaine de juillet ».

Il défend aussi la réforme de 2016 , qui a conduit à déplacer la sélection à l'entrée en master, alors qu'elle intervenait auparavant entre le master 1 (M1) et le master 2 (M2) et laissait des étudiants avec un M1, et donc un demi-diplôme. « Mieux vaut que les étudiants aient une difficulté à entrer en master plutôt que d'aller en M1 et ne pas avoir de M2 », estime François Germinet. « Notre responsabilité de présidents d'université, explique-t-il, c'est de ne pas ouvrir des places juste parce que des étudiants voudraient faire ces études en sachant qu'ensuite, il n'y aura du travail que pour la moitié d'entre eux ».

« Goulot d'étranglement »

L'argument agace Svetlana, une étudiante qui a finalement décroché une place en master de droit, l'an dernier, après avoir formé un recours auprès du rectorat. « Après quatre refus de master, j'ai finalement obtenu une place et, cette année, on est venu me chercher pour travailler dans un cabinet de juristes d'affaires car il en manque, raconte-t-elle. Et on nous parle de la nécessité d'avoir un master 1 sélectif ? Je ne comprends pas la blague ! »

Pour le droit - l'une des disciplines, avec la psychologie, où la situation est la plus tendue -, la sélection à l'entrée en master ne s'applique que depuis 2020. Dans un billet publié cette semaine sur le site de l'éditeur spécialisé Dalloz , Mathias Latina, professeur de droit privé à l'université Côte d'Azur, évoque « la violence infligée aux étudiants de licence 3 ». « Nous avions prévenu que cette sélection créerait un goulot d'étranglement qui laisserait de côté de nombreux étudiants, interdits de continuer leurs études, mais également de passer les concours accessibles uniquement après quatre années d'études supérieures », écrit-il.

Un Parcoursup pour les masters

Au-delà de la question du nombre de places, se pose aussi celle de la gestion des désistements, qui fait l'objet d'échanges de mails et qui prend donc du temps. Pour proposer des places plus rapidement aux étudiants, des commissions vont, pour la première fois cet été, réunir en un même lieu les responsables en charge de la formation des universités avec les services des rectorats. Ils traiteront ensemble les dossiers des candidats sans master en attendant un changement de fond.

Frédérique Vidal vient en effet d'annoncer la réforme de la plateforme « Trouver mon master ». Le dispositif revu et corrigé permettra une analyse des dossiers plus simple et plus rapide. Sur le modèle de Parcoursup . Un système « plébiscité », selon elle, par les étudiants. « On est en train d'y travailler pour qu'elle soit en place dès 2022 », a promis la ministre.

Marie-Christine Corbier

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