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Les contours du débarquement de Netflix dans le jeu vidéo se dessinent

Le groupe de Los Gatos a embauché un vétéran du secteur qui va être nommé vice-président chargé du développement des jeux vidéo. Netflix pourrait lancer son offre dès 2022, croit savoir la presse américaine. Une étape majeure pour le groupe américain et leader mondial de la SVoD qui se mue de plus en plus en un géant du divertissement.

A Wall Street, Netflix a une capitalisation boursière de près de 240 milliards de dollars.
A Wall Street, Netflix a une capitalisation boursière de près de 240 milliards de dollars. (Shutterstock)

Par Nicolas Richaud

Publié le 15 juil. 2021 à 17:50Mis à jour le 15 juil. 2021 à 18:41

Ce n'est pas encore officiellement le « D-Day » de Netflix dans le jeu vidéo. Mais c'est un grand pas que vient d'effectuer le leader mondial de la SVoD en recrutant Mike Verdu, qui va devenir le premier vice-président du groupe de Los Gatos chargé du développement des jeux vidéo et sera sous la férule de Greg Peters, le directeur des opérations de Netflix.

Sur le papier, Mike Verdu a le CV taillé pour son nouveau rôle. Ce quinquagénaire a effectué la quasi-intégralité de sa carrière dans l'industrie d'Atari en passant par Zynga, Electronic Arts et dernièrement Facebook - où il supervisait les relations avec les développeurs de jeux vidéo ainsi que des contenus, en réalité virtuelle ou augmentée, conçus pour les casques Oculus du géant de Menlo Park.

Son programme s'annonce chargé et les délais serrés. Netflix travaille sur une offre de jeux vidéo qui serait directement intégrée au sein de sa plateforme de streaming pour un lancement dès 2022, croit savoir la presse américaine - notamment Bloomberg - selon qui le groupe n'aurait pas pour projet de facturer cet apport en productions vidéoludiques à ses abonnés payants. Ces deux dernières années, Netflix avait fait adapter certaines de ses grosses franchises (dont « Stranger Things ») en jeux vidéo. Des projets relativement modestes mais qui témoignaient déjà d'un appétit grandissant pour le secteur.

« Nous rivalisons (et perdons) avec 'Fortnite' plus qu'avec HBO »

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Pour la firme codirigée par Reed Hastings et Ted Sarandos, ce lancement à venir dans le jeu vidéo - en tant que distributeur et plateforme cette fois - est une étape majeure dans son développement qui s'est imposée d'elle-même. En quelques années, Netflix s'est mué en un géant du divertissement proposant un catalogue de contenus toujours plus épais et varié : séries télévisées, films de cinéma, documentaires, podcasts…

Pour Netflix, cet éventail protéiforme de contenus est une manière d'attirer et fidéliser ses usagers payants, mais aussi de se différencier de la concurrence de plus en plus féroce sur le marché de la SVoD : Disney+, Peacock, Amazon Prime Video, Paramount+, etc. En agrémentant son offre en jeux vidéo, le groupe espère aussi conquérir un nouveau type de public, alors que la croissance de son parc d'abonnés a marqué un temps d'arrêt dernièrement.

Dans le même temps, la popularité du format vidéoludique atteint des sommets himalayens. Dopé par la crise sanitaire, l'usage s'est démocratisé et le secteur a vu débarquer des cohortes de nouveaux joueurs. L'an passé, le marché a pesé près de 175 milliards de dollars à l'échelle mondiale, selon Newzoo. Son record historique.

Impossible pour un poids lourd de l'« entertainment » comme Netflix de faire indéfiniment l'impasse sur un contenu aussi plébiscité… et qui est en concurrence indirecte avec ses propres produits. Les spécialistes appellent cela la « concurrence générique » lorsque des produits ou services différents satisfont le même besoin. « Nous rivalisons (et perdons) avec 'Fortnite' plus qu'avec HBO », avait fait valoir Reed Hasting au début de l'année 2019, en référence à la guerre de l'attention que se mènent les géants de la tech et/ou du divertissement.

Des revers pour Amazon et Google

Apple, Amazon, Google, Facebook, Microsoft : le petit club des Gafam au complet a ainsi mis un pied dans l'industrie du jeu vidéo. De manière très différente puisque Microsoft est, lui, un acteur historique du secteur. Un point commun cependant : tous ont lancé des plateformes donnant accès à des catalogues de jeux. Excepté Apple (présent seulement sur les jeux mobiles avec Apple Arcade), les quatre autres ont déjà mis sur orbite des offres de streaming de jeux vidéo.

Avec des fortunes variées et parfois des revers tonitruants, tout particulièrement dans la production de contenus en propre. Fin 2020, Amazon a mis un terme au développement de son premier titre d'envergure, « Crucible ». En février, Google a, lui, fermé son studio de jeux vidéo destinés à son offre de « cloud gaming » Stadia.

Des mésaventures qui n'ont sans doute pas échappé à Netflix, alors que l'industrie du jeu vidéo est fort loin de ses bases et de son coeur de métier historique. Mais le groupe de Reed Hastings et de Ted Sarandos est prêt à dépenser beaucoup pour financer les créateurs de contenus. Dans les prochains mois, tout l'enjeu pour le géant va être de convaincre les éditeurs et studios de jeux vidéo de travailler avec lui s'il veut être à même de concevoir une offre crédible et alléchante pour 2022. Un commanditaire de plus pour les acteurs du jeu vidéo qui peuvent, eux, se frotter les mains.

Nicolas Richaud

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