Reportage

Plongée au cœur des écoutes des services secrets

Article réservé aux abonnés
«Libération» a pu visiter le Groupement interministériel de contrôle : organisme discret rattaché à Matignon chargé de centraliser les «interceptions de sécurité» demandées par le renseignement. Visite guidée dans les sous-sols de l’hôtel des Invalides, à Paris.
par Amaelle Guiton
publié le 15 juillet 2021 à 20h01

Devant nous, deux rangées d’armoires grillagées (des «baies») remplies de serveurs informatiques, séparées par un couloir central surmonté d’un plafond et clos par des portes vitrées. Il fait frais à l’intérieur, chaud à l’extérieur ; un classique des datacenters modernes. Mais le «cube» dans lequel, dûment accompagnée, on pose le pied en ce matin de la fin juin est d’un genre très particulier. Nimbé de lumière bleue lorsqu’il ne s’éclaire pas à l’approche d’un visiteur, portes ornées d’images d’une chouette aux ailes déployées et aux serres dardées vers un globe rempli de nombres binaires, il est niché dans les sous-sols de l’hôtel des Invalides, à Paris, au sein d’une des entités les plus discrètes de la République. Les données stockées ici sont hautement sensibles, frappées du sceau du secret de la défense nationale. Et pour cause : nous sommes dans le saint des saints des écoutes administratives – dans le jargon, les «IS», pour «interceptions de sécurité» – opérées pour le compte des services de renseignement français.

Un accès très rare

Il y a une quinzaine de jours, Libération a pu franchir le seuil des installations historiques du Groupement interministériel de contrôle, le GIC : l’organisme rattaché à Matignon qui centralise les écoutes non judiciaires mises en œuvre sur le territoire, mais aussi les données de connexion ou «métadonnées» (qui communique avec qui, quand, où…) réquisitionnées auprès des opérateurs, les géolocalisations en temps réel… Le tout pour le vaste ch

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus