Si le nombre de candidats aux concours de l’enseignement est un bon indicateur de l’attractivité – ou du manque d’attractivité – du métier, les démissions et les mises en disponibilité de professeurs le sont également. Sandrine Garcia, sociologue, professeure en sciences de l’éducation à l’université de Bourgogne, s’est penchée sur le parcours de ces enseignants, jeunes et moins jeunes, qui « claquent la porte » de l’éducation nationale. Alourdissement de la charge de travail, taille des classes, injonctions contradictoires, élèves difficiles : pour cette nouvelle génération de professeurs, le « travail d’ajustement entre les rêves et la réalité est devenu très compliqué », explique-t-elle au Monde.
Sait-on combien sont, exactement, ces aspirants professeurs qui, à peine recrutés, renoncent à enseigner ?
La proportion d’enseignants qui démissionnent, rapportée aux 860 000 professeurs en poste, reste statistiquement très faible, mais elle augmente : elle représentait 0,02 % du total durant l’année scolaire 2008-2009, 0,08 % en 2013-2014 et 0,24 % en 2017-2018. A cette date, l’éducation nationale recensait près de 700 démissions au primaire et un peu plus de 500 dans le secondaire.
On sait par ailleurs que 6 % des jeunes stagiaires [lauréats du concours mais pas encore titularisés] ne sont plus enseignants l’année suivante – un chiffre qui remonte à 2017, mais qui n’a probablement pas beaucoup évolué –, qu’ils soient licenciés, qu’ils démissionnent ou qu’ils se « mettent en disponibilité », comme ils disent. Cela représente, tout au plus, quelques centaines de personnels, mais leur renoncement dit beaucoup de la dégradation des conditions d’exercice.
Peut-on dresser le portrait-robot de ces professeurs ?
Contrairement à ce que l’on pense, ils ne sont pas tous jeunes ni inexpérimentés. Il y a parmi eux un certain nombre de quadragénaires, voire de quinquagénaires en reconversion, qui ont passé les concours sur le tard, ont idéalisé le métier, et sont parfois très déçus à l’arrivée. Cela dépend évidemment des caractéristiques du poste qu’ils occupent. Tous les insatisfaits ne démissionnent pas, d’ailleurs : certains s’éloignent de leur classe, montent un projet professionnel, attendent parfois des années avant d’officialiser leur départ.
Plus que des profils précis, je crois que ce sont des situations particulières d’enseignement qui poussent au renoncement. L’académie de Créteil, clairement, est plus touchée, et a dû organiser un second concours pour réussir à recruter des candidats, fortement sous-sélectionnés de ce fait. Sans doute certaines académies sont-elles plus attractives que d’autres.
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