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Femmes

"Vis ma vie d'entrepreneuse" : comment Guillaume Pepy encourage l'entrepreneuriat au féminin

INTERVIEW - Il préside le réseau associatif Initiative France. Pour Challenges, l'ancien patron de la SNCF Guillaume Pepy explique comment il encourage l'entrepreneuriat au féminin avec le lancement du programme "Vis ma vie d'entrepreneuse".

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Guillaume Pépy

Guillaume Pepy préside le réseau "Initiative France"

ERIC PIERMONT / AFP

Le 30 juin 2020, Guillaume Pepy est devenu le président d’Initiative France, le premier réseau associatif de financement et d’accompagnement des créateurs, repreneurs et développeurs d’entreprises. Un réseau qui a connu au premier semestre 2021 un surcroît de 35% de son activité lié au soutien aux entreprises victimes de la crise, avec l’arrivée de 1.500 nouveaux bénévoles depuis le début de la crise pour un total de 21.000 bénévoles. Pour Challenges, l’ancien patron de la SNCF présente “Vis ma vie d’entrepreneuse”, un nouveau programme national de mise en relation entre une dirigeante d’entreprise et une future entrepreneuse. Lancé en juillet, son objectif est de former 1.000 duos d’ici à 2021/2022 sur tout le territoire.

Challenges - Pourquoi s’être engagé en tant que président du réseau Initiative France?

Guillaume Pepy - C’est Louis Schweitzer qui a été président de ce réseau pendant dix ans qui me l’a proposé. Quand il m’a expliqué ce bénévolat économique, j’ai trouvé le système génial. Ca concerne tout le monde, toute personne peut faire appel à ces 215 associations, c’est gratuit et il n’y a pas de nécessité d’arriver avec un apport personnel pour lancer son entreprise. D’autre part, la marque de fabrique de ce réseau, c’est l’accompagnement dans la durée. Il faut juste le faire mieux savoir et le faire plus savoir. On vit sur l’idée que créer sa boîte, c’est très compliqué et qu’on n’y arrivera jamais, c’est tout le contraire. La seule chose qu’on ne peut pas faire avec Initiative France, c’est trouver l’idée à la place du porteur ou de la porteuse de projet. Mais quand l'idée est là, il y a des financements adaptés et de l’accompagnement. 

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Quelle impulsion souhaitez-vous donner à cette présidence?

Il me semble que créer sa boîte fait partie de la relance après la crise Covid. C’est un des moyens de relancer l’économie. Et d’autre part, pour des gens qui auront des difficultés à trouver un emploi de salarié, c’est une façon différente de conduire sa vie professionnelle. Et au fond de moi-même, je me dis que la création d’entreprise, c’est la plus belle des aventures professionnelles, parce que vous êtes votre propre patron.

QUELQUES CHIFFRES: 

29% des créateurs d'entreprise en France sont des femmes (Insee, 2018). Elles créent 50% des entreprises individuelles et 25% des sociétés.
41% des projets d'entreprise soutenus par Initiative France sont portés par des femmes
8.000 entrepreneuses sont financées et accompagnées chaque année par Initiative France (chiffre 2019).

Vous encouragez l’entrepreneuriat féminin avec le lancement de l’opération “Vis ma vie d’entrepreneuse”. Pourquoi ce choix?

Le constat est assez lourd. Sur les 800.000 entreprises qui se créent chaque année, un tiers sont créés par des femmes, ce qui n’est pas terrible. Quand nous regardons les 20.000 entreprises que nous créons dans le réseau, ça passe de un tiers à 41%, c’est un peu mieux, mais nous ne sommes pas encore à l’égalité. Donc il faut comprendre pourquoi il y a moins de femmes qui entreprennent. Je pense que c’est essentiellement une question culturelle et d’autocensure. L’envie est là, mais il y a probablement la peur de ne pas y arriver,  et puis il y a des représentations de chefs d’entreprises qui sont plutôt masculines. C'est dans ce cadre que nous venons de lancer un "Vis ma vie" à grande échelle. Nous allons donner à 1.000 porteuses de projets l’occasion de participer à l’expérience de dirigeantes d’entreprises expérimentées. Nous pensons qu’en ayant cette occasion de partage, les porteuses de projets seront plus en confiance, elles seront sans doute mieux conscientes de leurs forces, de leurs capacités à réussir et donc nous ferons reculer l’autocensure et la peur. Notre objectif est de parvenir à 1.000 d’ici à 2021/2022.

Comment financez-vous ce programme?

Ce programme ne nécessite pas de besoins financiers, il suffit de trouver les 1.000 femmes dirigeantes d’entreprises expérimentées. Soit nous les trouvons parmi les porteuses de projets que nous avons déjà aidées et qui sont devenues patronnes, soit nous les trouvons dans le cadre de nos partenariats avec BNP ou HEC. Nous venons de lancer le programme, mais je constate qu'il y a un très grand intérêt. Tout le monde se rend compte que ce n’est pas une question d’argent, c’est vraiment une question de mentalité et de culture, donc tout le monde a envie de s’engager pour que les femmes aient autant de chances que les hommes d’accéder à la création d’entreprise. 

Combien de temps vous prend ce bénévolat économique?

De l’ordre de deux jours par semaine. C’est absolument passionnant. Encore une fois, il y a un appétit pour la création d’entreprise en France qui est énorme et il y a des conditions pour réussir qui sont très bonnes. Il y a du financement, de l’accompagnement, des réseaux, des aides, donc c’est le moment d’entreprendre et il faut le faire savoir.

Concrètement, comment en tant qu’ancien patron de la SNCF avez-vous agi pour l'égalité hommes/femmes?

Il y a des accords avec les partenaires sociaux qui sont assez satisfaisants pour les très grosses entreprises. Le plafond de verre a été brisé pour les conseils d’administration par la loi Coppé-Zimmermann et c’est très bien. Maintenant, il reste à faire au niveau des comités exécutifs. Je trouve que le projet de loi qui vise à renforcer l'égalité économique est sage. Il pose un jalon pour un meilleur équilibre hommes/femmes dans les postes de direction générale et je suis favorable à ce genre de dispositif.

Votre vie d’aujourd’hui vous convient?

C’est une vie plurielle avec du bénévolat, de l’accompagnement d’entreprises, de la gouvernance en France et à l’étranger, donc c’est tous les jours la chance d’apprendre quelque chose, ce qui est un grand privilège.

TEMOIGNAGES

"Je l'ai faite travailler comme moi"

Angélique Duval, créatrice de l'entreprise “Du vrac au pot” à Fourmies (Hauts-de-France), épicerie bio, vrac et zéro déchet qui a chaperonné Leah Cougnet, future entrepreneuse, qui veut se lancer dans une activité similaire.



Pour Leah Cougnet, ancienne cliente du magasin d’Angélique Duval, le programme Vis ma vie d'entrepreneuse d'Initiative France a permis d’avancer sur son projet et surtout d’enlever ses doutes et les questions qu’elle pouvait se poser, notamment sur la partie conciliation vie d’entrepreneuse et vie familiale. Leah a pu vivre deux journées en immersion aux côtés de l’entrepreneuse Angélique Duval. "Je l’ai faite travailler comme moi, en lui faisant remplir les rayons et encaisser les clients afin qu’elle puisse voir tous les côtés de la vie d’entrepreneuse", explique Angélique Duval. Pour Leah Cougnet, l’expérience est plus que positive. "J’ai pu concrétiser mon projet, en finalisant une étude de marché et en recherchant un local". Toutes les deux partagent l’envie de porter la transition écologique au service de la consommation.

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