L’époque où la préfète était l’épouse du préfet est révolue. L’usage est « vieilli », comme dit le Larousse. Aujourd’hui, la préfète est tout simplement la femme qui occupe la fonction. Et c’est de plus en plus fréquent, car le corps préfectoral s’est considérablement féminisé depuis quelques années. « Il y a un vrai effet Macron, c’est évident, se réjouit-on à l’Elysée. Le président déploie une énergie politique pour faire entrer des femmes. L’accélération est incontestable, et elle ne va pas s’arrêter. »
Les statistiques l’attestent. Parmi les 132 préfets en poste sur le territoire, 38 sont aujourd’hui des femmes, soit 29 %, selon les chiffres arrêtés au 15 juin et donnés par l’entourage du chef de l’Etat. Le chemin parcouru depuis que la pionnière, Yvette Chassagne, fut nommée il y a tout juste quarante ans, en juillet 1981, est long, mais elles sont de plus nombreuses à l’emprunter.
La part des femmes parmi les préfets est restée stable jusqu’en 2007 (autour de 5 %). Les choses commencent à changer avec l’accession à la présidence de la République de Nicolas Sarkozy. Un mouvement s’enclenche. Modeste pour commencer : la proportion n’a progressé que de trois points pendant son quinquennat. Mais M. Sarkozy fait adopter en mars 2012 une loi – dite « Sauvadet » – qui change la donne. Le texte impose un taux minimum de chaque sexe parmi les personnes nommées pour la première fois aux principaux emplois de l’encadrement supérieur de l’Etat. Objectif : 40 % à partir de 2017.
« Reflet de la société »
« On constate une hausse à partir de 2013-2014, précise Gildas Tanguy, maître de conférences à Sciences Po Toulouse. La féminisation est donc d’abord un effet de la loi Sauvadet. Mais on peut aussi parler d’un “effet Macron” avec l’accélération très nette de la féminisation du corps à partir de 2017. » Sous le quinquennat de François Hollande, la progression est de sept points (de 13 % à 20 %). Elle est de neuf points sur les seules trois premières années du quinquennat Macron. Le mouvement est comparable pour les sous-préfètes, aujourd’hui 35 % du corps.
L’entourage du chef de l’Etat insiste sur l’importance que ce dernier accorde au sujet. Le président demande que, pour chaque poste, on lui présente trois dossiers de candidature, dont au moins une femme. C’est un dossier complet, avec les évaluations successives des intéressés. « Il regarde tout, assure un proche. Et il n’hésite pas à appeler des élus, des chefs d’entreprise sur le terrain pour se faire sa propre opinion sur tel ou tel. » D’ailleurs, Emmanuel Macron a l’occasion, lors de ses déplacements en province, de se faire lui-même son idée. « Il connaît personnellement ces hauts fonctionnaires, poursuit la même source. Quand il est dans un département, il rencontre le préfet. Et il y a toujours un entretien privé, en voiture souvent. C’est un examen redouté par beaucoup, préparé par tous. »
Il vous reste 71.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.