Post-bac : dans les coulisses d’une commission de reclassement des recalés de Parcoursup

La commission d’accès à l’enseignement supérieur permet aux bacheliers n’ayant pas d’affectation de trouver une formation. Immersion dans cette réunion de la dernière chance.

Au dernier étage du rectorat de Créteil (Val-de-Marne), des proviseurs et des spécialistes de l'orientation se répartissent en petits groupes pour examiner 650 dossiers. LP/Arnaud Journois
Au dernier étage du rectorat de Créteil (Val-de-Marne), des proviseurs et des spécialistes de l'orientation se répartissent en petits groupes pour examiner 650 dossiers. LP/Arnaud Journois

    Dix heures. Au neuvième et dernier étage du rectorat de Créteil (Val-de-Marne), les petits groupes se forment. Des proviseurs et spécialistes de l’orientation venus de tout l’Est parisien se sont réunis pour une journée de travail. Dans le jargon, on appelle ça des CAES, des Commission d’accès à l’enseignement supérieur. Les bacheliers n’ayant pas été acceptés dans une formation post-bac se voient proposer une dernière solution d’inscription. C’est le candidat sans solution qui sollicite cet ultime recours directement sur la plateforme sur Parcoursup.

    À travers toute la France, des centaines de réunions de cette sorte sont organisées au cours de l’été. L’an passé, 34 800 candidats sont passés par les CAES. « On est un peu des travailleurs de l’ombre » s’amuse Geneviève Saint-Huile, cheffe du service académique d’information et d’orientation du rectorat (SAIO).

    Dans cette grande salle sans âme, douze groupes composés de deux ou trois personnes ont été formés. Chacun statue sur le cas d’une cinquantaine de candidats. Ce jour-là, 650 bacheliers doivent passer en commission. « Le but, c’est de trouver une solution à tout le monde, que personne ne se retrouve sur le carreau » promet Geneviève Saint-Huile.

    Christophe Fontaine est proviseur adjoint d’un lycée de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne). Très à l’aise, c’est pourtant la première fois qu’il participe à une telle instance aux côtés d’Élisabeth Boyer, inspectrice d’orientation en Seine-et-Marne. Sur leurs ordinateurs, d’un côté la liste des élèves sans affectation, et de l’autre celle des places disponibles dans les différentes formations du rectorat, BTS, université, DUT… « On se base sur les éléments du dossier que l’élève a mis sur Parcoursup : les notes, les appréciations, ses vœux. On veut l’orienter de la manière la plus éclairée possible », promet Christophe Fontaine.

    « Même si ça ne lui plaît pas forcément, on ne sait jamais, l’élève peut se découvrir des vocations »

    Ils passent entre 5 et 15 minutes sur le cas de chaque jeune sans solution. Une bachelière d’Aulnay-sous-Bois retient leur attention. Elle a obtenu son bac général sans mention. Des résultats pas terribles dans les matières scientifiques, 5/20 en physique chimie et 7/20 en SVT, elle a demandé une intégration en école d’infirmiers, dans des cursus paramédicaux… ainsi que dans une formation de gestion de PME. « Son projet ne me paraît pas très clair », note le proviseur adjoint. Il parcourt sur son ordinateur les places restantes sur le rectorat. « Bon, on va la mettre en Paréo (NDLR : un module universitaire permettant aux élèves d’affiner leur projet professionnel), en plus, ce n’est pas trop loin de chez elle », conclut-il. La jeune fille recevra la proposition dans la journée sur Parcoursup.

    À de rares exceptions près, l’élève n’a pas son mot à dire dans les choix de la commission. Il n’est pas autorisé à assister à la réunion. Ses membres doivent décider en se basant uniquement sur le dossier. « On ne peut pas recevoir les 650 élèves individuellement ! juge Geneviève Saint-Huile. Mais on essaye de faire les choix les plus en adéquation avec leurs volontés. » D’ailleurs, le candidat est en droit de refuser la proposition qui lui est faite. Le cas échéant, rien d’autre ne lui sera proposé. « C’est dans son intérêt d’accepter. Même si ça ne lui plaît pas forcément, on ne sait jamais, il peut se découvrir des vocations, pense la professionnelle de l’orientation. Et au pire des cas, il pourra toujours se réorienter à la fin de l’année. » Les candidats ont encore jusqu’à la mi-septembre pour faire appel à cette commission.