« Depuis juin, avec ma compagne, qui travaille aussi dans le numérique, nous avons été très sollicités par des cabinets de recrutement ou d’autres boîtes, raconte Simon Loubris, directeur des contenus dans une agence de marketing numérique. J’ai eu trois demandes en trois semaines et elle, cinq ou six. C’est un marché de l’emploi hyperdynamique, avec beaucoup de turnover. »
Cette rotation de personnel, Aurélie Ambal la connaît bien : depuis sa sortie d’école, en 2015, cette développeuse a changé d’employeur tous les ans, avec, à chaque fois, une augmentation salariale de 5 % à 10 %. « Je n’ai jamais envoyé de CV. J’ai trouvé sur LinkedIn [un réseau social à usage professionnel]. Des recruteurs me contactaient. J’avais plusieurs demandes par jour, toute l’année, et je choisissais ce qui m’intéressait. Comme on a le choix, on peut être exigeant. »
Pour la majorité des profils du numérique, le plein-emploi est la règle. « Tout le monde est chassé, remarque Simon Loubris. Dans mes équipes, on est quarante, et il y en a une dizaine qui ont claqué la porte depuis le début d’année. » Sur 530 000 emplois recensés par la fédération Numeum, première organisation professionnelle du secteur, 80 % sont des postes de cadre et 93 % sont en CDI. Si l’activité a fortement reculé au printemps 2020, elle s’est rapidement redressée au second semestre (4 600 emplois salariés créés), et les métiers du développement informatique sont restés très demandés.
« On recrute massivement, et les budgets numériques des organisations augmentent de 10 % en 2021, note Soumia Malinbaum, administratrice de Numeum. Il manque chaque année 10 000 ingénieurs. » « On a une croissance moyenne de 30 % par an, indique Julien Broue, cofondateur d’Easy Partner, une agence de recrutement spécialisée dans le numérique. Dès le deuxième semestre 2020, les besoins ont repris. Les clients avaient besoin de numériser leurs activités. »
Exigence des employeurs
La crise liée au Covid-19 a généralisé le télétravail et les projets de transformation des entreprises : migration de leurs applications dans le cloud (l’informatique dématérialisée), sécurisation des solutions pour leurs employés en travail à domicile, numérisation des commerces… Numeum annonce une croissance de 5 % pour le secteur au premier semestre 2021, et 95 % des sociétés ont relancé leur recrutement. Soumia Malinbaum insiste sur le secteur de la cybersécurité : « En 2020, la cybercriminalité a été multipliée par quatre. Il nous faudra 75 000 experts d’ici à 2025. On en est très loin. » Yaëlle Leben, DRH pour l’Europe du Sud de l’éditeur de logiciels de gestion de relation clients Salesforce, constate la pénurie. « Nous avons plus d’une centaine de postes ouverts, mais il y a 2 450 offres avec le mot Salesforce, donc c’est l’écosystème autour de nous qui est en demande. »
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