Oenotourisme : le vin en poupe

Oenotourisme : le vin en poupe

Avec 71 destinations labellisées Vignobles et découvertes, la France a structuré son offre oenotouristique. Les domaines viticoles se sont professionnalisés. Un panel très large d’expériences à vivre existe désormais.

Après 21 mois d’absence, les premiers touristes américains sont annoncés sur les bords de la Gironde. Une reprise très attendue par les vignerons des côtes de Bourg et par tous les acteurs dont l’activité est liée au tourisme. Chaque dimanche, les visiteurs descendront des bateaux de croisière fluviale. Ils découvriront, le temps d’une escale, la maison des vins ouverte depuis 2016, dans une ambiance guinguette à la française. Dans cette ville, le tourisme fluvial permet de doubler la fréquentation du vignoble : il représente 240 escales par an et entre 25 000 et 27 000 touristes, dont 40 % venus d’outre-Atlantique.

La Gironde n’est pas une exception. En France, l’oenotourisme s’est fortement développé : selon les chiffres les plus récents d’Atout France, le nombre d’oenotouristes était estimé à 10 millions en 2016 (+ 33 % par rapport à 2009), dont 42 % en provenance de l’étranger. Leur dépense moyenne était de 1 256 € par séjour, dont 240 € pour du vin. Si la pandémie et les mesures sanitaires ont limité les échanges internationaux, le secteur a tout de même pu accueillir des Français en quête de nature l’an dernier. Une fréquentation qui a permis de limiter les pertes par rapport à l’Italie ou l’Espagne.

Structuration et diversité

Mais l’oenotouriste d’hier qui venait déguster dans les caveaux n’est plus celui d’aujourd’hui, qui veut avant tout « vivre des expériences ». Pour faire face à cette évolution et pallier l’atomisation de l’offre, il a fallu que le secteur se structure et que les viticulteurs se professionnalisent. Un travail débuté depuis une quinzaine d’années, sous l’égide d’Atout France. La France compte désormais 71 destinations labellisées Vignobles et découvertes, soit autant de réseaux locaux à même de proposer des produits touristiques complets, cohérents et de qualité. Des réseaux qui regroupent plus de 5 000 prestataires (hébergements, lieux de restauration, domaines, musées…).

Un site Internet vitrine Visit French Wines a été créé en 2016, pour inspirer les voyageurs. Aujourd’hui, l’oenotouriste n’a que l’embarras du choix : de la trottinette au cheval, il peut emprunter pratiquement tous les moyens de locomotion pour se promener dans les vignes. Il peut choisir des activités originales, comme le yoga, l’art d’emballer une bouteille à la japonaise (le furoshiki), la SpéléOenologie, etc. Sans compter les manifestations culturelles et artistiques : jazz dans les caveaux, cinéma en plein air dans les vignes, expositions dans les domaines…

—— Irène AUBERT (Tribune Verte 2969)

Domaine Rieflé (Alsace) : UN PARCOURS SPORTIF ET ÉDUCATIF À VÉLO

« Nous produisons des vins de terroir. Cela nécessite des efforts, que nous avions envie de partager avec nos consommateurs depuis longtemps. Mais nous ne savions pas comment. Suite à un voyage en Autriche, où j’ai découvert le VTT électrique et l’audioguidage, nous avons décidé de proposer une activité oenotouristique de découverte des vignes en utilisant ces deux moyens », résume Jean-Claude Rieflé, vigneron à Pfaffenheim.

Accessible sur réservation, l’activité « Vélo’vignes bio » se  pratique de mars à octobre. Le domaine Rieflé fournit les VTT électriques et un Smartphone muni d’un GPS. L’activité est assez sportive, car l’Alsace est pentue, mais plusieurs niveaux de difficulté sont possibles. Le parcours dure au moins trois heures. Mais pas question de pédaler « bêtement ». Une quinzaine d’étapes est prévue. À chaque fois, un panneau et l’audioguide présentent des informations sur le paysage, les appellations, les techniques viticoles, la géologie… en français, anglais et allemand. L’accueil des touristes est assuré par la personne qui tient le caveau. Elle gère la remise des VTT, le quart d’heure de briefing… et la dégustation, bien méritée, au retour. Aucune embauche n’a donc été nécessaire, mais les services d’une agence de communication ont été requis pour créer les panneaux et enregistrer les sons, de manière professionnelle.

L’an dernier, l’activité VTT a séduit plus de 200 personnes, malgré les restrictions sanitaires. Sans doute davantage viendront cette année, car l’activité commence à être mieux connue. « C’est un petit pourcentage de notre chiffre d’affaires, mais c’est un moyen d’attirer un flux au domaine et de rajeunir la clientèle », indique Jean-Claude Rieflé. « Les gens vont dans des endroits où ils n’auraient pas imaginé un jour mettre les pieds et c’est ce qui leur plaît », observe-t-il.

—— I.A. (Tribune Verte 2969)