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Décryptage

Rentrée scolaire : le spectre des fermetures de classes

Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a tout fait pour assurer le retour en présentiel, ce jeudi, des écoliers, collégiens et lycéens. Reste à savoir combien de temps cela durera, alors que le Conseil scientifique a alerté sur une « épidémie pédiatrique ».

Le Conseil scientifique préconise de systématiser les tests.
Le Conseil scientifique préconise de systématiser les tests. (SYSPEO/SIPA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 2 sept. 2021 à 06:30Mis à jour le 2 sept. 2021 à 08:49

C'est la rentrée pour 12,2 millions d'élèves. La deuxième sous l'ère du Covid . Et, dans la tête des parents , la même inquiétude revient en boucle : cette année sera-t-elle encore marquée par des fermetures de classes en cascade ? « Nous pouvons être tout à fait sereins sur cette rentrée scolaire », rassure Jean-Michel Blanquer. L'objectif, c'est « l'école ouverte » et une rentrée « la plus normale possible », répète à l'envi le ministre de l'Education nationale.

Pour le protocole sanitaire, le gouvernement a fait le choix du niveau d'alerte 2 - sur une échelle de 4 -, pour une rentrée de tous les élèves en présentiel . Quand on demande au ministre s'il craint des fermetures de classes, il répond par la négative : « L'Île de la Réunion est un point de repère intéressant, elle est dans une situation épidémique comparable à la métropole, elle a fait sa rentrée scolaire depuis dix jours et il y a moins de 0,2 % des classes fermées », a-t-il martelé ces derniers jours.

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Il n'est pas sûr que cela suffise à rassurer des parents souvent déboussolés par des discours contradictoires. Dans sa note du 20 août, le Conseil scientifique redoute ainsi « une épidémie pédiatrique » liée au variant Delta , plus contagieux. Pour maintenir les écoles ouvertes, il faut « être extrêmement vigilant sur l'organisation de la rentrée scolaire », ont prévenu les scientifiques, qui regrettent « l'abandon du dépistage généralisé ou du dépistage réactif de la classe lors d'un cas détecté ».

Ce serait pourtant « un complément extrêmement utile au maintien de l'ouverture des classes, notamment dans le primaire », car « le risque de circulation intense du virus à la rentrée est très élevé, et la règle de fermeture des classes dès le premier cas pourrait rendre la réouverture du primaire très complexe », a prévenu le Conseil scientifique.

« Ouvrir les fenêtres »

La question agace Jean-Michel Blanquer, qui se félicite des 600.000 tests salivaires hebdomadaires prévus dans le primaire - pour 6,5 millions d'écoliers. Le ministre s'appuie sur les propos de la Société française de pédiatrie qui propose, dit-il, « une gestion pragmatique des infections Covid-19 en milieu scolaire, compatible avec une scolarité régulière et présentielle des enfants et n'imposant pas aux enfants une répétition des tests de dépistage sans intérêt pour le contrôle épidémique ». Sauf que cette recommandation date d'il y a un an…

Les capteurs de CO2 et les purificateurs d'air dans les salles de classe ou les cantines pourraient-ils rassurer davantage ? Jean-Michel Blanquer s'est timidement converti à l'idée mais renvoie le dossier aux collectivités locales. Le protocole sanitaire de l'Education nationale recommande ces outils. Le ministre a promis des aides aux collectivités qui auraient besoin d'un coup de pouce pour les financer, sans plus de détails. « C'est un thermomètre, pas davantage », balaie-t-il toutefois : « Le plus important, c'est d'ouvrir les fenêtres. »

L'« impact » du masque

Le ministre en appelle au « bon sens » et au respect des gestes barrière et du port du masque. En cette rentrée, tous les élèves, dès le CP, seront toujours masqués. Chez les plus petits, le Conseil scientifique invite toutefois à évaluer « l'impact possible » du port du masque sur l'apprentissage « par rapport à son bénéfice potentiel mal évalué sur la transmission à l'école ». Son obligation pourrait à l'avenir être levée pour les maternelles si tous les enseignants sont vaccinés (10 à 11 % ne le sont pas, selon le ministre), a glissé Jean-Michel Blanquer sur Brut : « On l'étudie ».

Malgré le discours sur les gestes barrière, des syndicats et des parents s'inquiètent d'un protocole allégé à la cantine, avec des règles de brassage des élèves moins strictes qu'en juin. « Comme le protocole ne l'impose plus, certaines collectivités vont mélanger les classes pour recourir à moins de personnel », redoute Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, le principal syndicat d'enseignants du primaire.

Les craintes des demi-jauges

Dans les collèges et lycées, où plus de 60 % des 12-17 ans sont vaccinés - selon Jean-Michel Blanquer -, les craintes sont celles d'un retour aux demi-jauges . « Si le ministère de l'Education nationale a imposé un scénario 2 sur tout le territoire, c'est parce qu'il ne veut pas du scénario 3 qui déclencherait l'enseignement hybride », glisse un syndicaliste. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a toutefois annoncé des adaptations locales au niveau 2 « dans les prochains jours ou semaines ».

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Dans la configuration actuelle, en cas de contamination dans une classe, seuls les collégiens et lycéens non vaccinés et identifiés comme cas contacts à risque (contact rapproché et sans masque) seront renvoyés chez eux. C'est l'autre sujet d'inquiétude des parents : comment sera assurée la continuité pédagogique, avec des enseignants qui affirment ne pas pouvoir faire cours en même temps face à la classe et à distance ? Le gouvernement préfère miser sur la vaccination du plus grand nombre d'élèves. Dans l'académie de Paris, les premières vaccinations - dans les (117) centres éphémères ou dans ceux (28) de l'Agence régionale de santé - démarreront le 7 septembre.

Marie-Christine Corbier

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