Revenu d'engagement pour les jeunes : Macron veut un dispositif "donnant-donnant"
Pour clore le débat sur le RSA, le gouvernement prépare un dispositif alliant allocation et engagement dans l'emploi.
Quels seront les contours exacts du revenu d'engagement pour les jeunes, annoncé le 12 juillet par Emmanuel Macron? Ce dispositif, et plus largement le thème de la jeunesse, sera au cœur des rencontres entre Jean Castex et les organisations syndicales, mercredi et jeudi. Mais si les conseillers ministériels en charge du dossier lui ont déjà trouvé un acronyme – le REJ –, les détails de son application demeurent soumis à l'arbitrage de l'Élysée, qui ambitionne d'en faire l'une des dernières avancées sociales du quinquennat.
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Depuis plusieurs mois, Élisabeth Borne, la ministre du Travail, planchait sur une extension de la garantie jeunes, créée sous François Hollande, pour venir en aide à tous les 16-25 ans en difficulté professionnelle. Jusqu'à récemment, le dispositif était baptisé "garantie jeunes universelle". L'Élysée lui a préféré un autre vocable, associant davantage la notion de "devoirs et droits", pour reprendre les mots utilisés par Macron lors de son annonce. Il s'agissait aussi de ne pas reprendre l'esprit du RSA, le revenu de solidarité active, que la gauche souhaite étendre aux moins de 25 ans.
Clore le débat sur le RSA
Avec le REJ, le chef de l'État clôt ainsi le débat sur la création d'un RSA jeunes, tout en donnant des gages à ceux qui trouvent qu'il n'a pas suffisamment lutté contre le décrochage scolaire et social.
"Il y a une prise de conscience et un effort significatif qui a été annoncé, se félicite Mathieu Klein, maire PS de Nancy et coprésident de la commission solidarités, lutte contre les inégalités et la pauvreté de France urbaine. La France était jusque-là l'un des rares pays qui n'apportait pas de réponse à leur précarité."
Réuni fin juillet, le comité de pilotage composé de personnalités comme Louis Schweitzer, l'ex-patron de Renault, la maire de Nantes, Johanna Rolland, ou encore la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, devrait se retrouver à la rentrée. Avant une présentation officielle du REJ par Macron pendant la deuxième quinzaine de septembre. Un décret ou un projet de loi devront ensuite être rédigés pour une mise en œuvre d'ici au printemps.
Les "Neet" ciblés
Concrètement, ce nouvel amortisseur associe une allocation à un parcours d'accompagnement personnalisé vers l'emploi. Il regroupera, sous une même bannière, la pléthore de systèmes existants. "On met ainsi fin à l'empilement de dispositifs avec des statuts différents, qui crée des ruptures de parcours", salue Antoine Dulin, président de la commission insertion du Conseil d'orientation des politiques de jeunesse.
Après avoir signé un contrat, les bénéficiaires s'engageront à suivre des formations adaptées, des immersions en entreprises, des stages comportementaux ou de lutte contre les addictions… En échange et selon leurs revenus, ils toucheront environ 500 euros s'ils ne travaillent pas et 300 euros s'ils ont déjà un petit boulot ou s'ils sont rattachés au foyer fiscal de leurs parents.
Le REJ cible ceux qu'on surnomme les "Neet" : ces 16-25 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. Ils sont actuellement près de 1 million, dont 800.000 identifiés et suivis par des structures dédiées. À cette cible potentielle s'ajoutent 400.000 jeunes travailleurs précaires. Un public beaucoup plus large que celui ciblé par la garantie jeunes, qui concerne 200.000 personnes.
Les associations veulent de la souplesse
Les critères d'entrée et la durée de l'encadrement restent encore à définir. Les associations réclament de la souplesse. Et surtout pas de contreparties autres que de respecter un programme de réinsertion. Or l'Élysée souhaiterait y ajouter, en plus de la recherche d'emploi, des heures de bénévolat ou des missions de service civique.
"Si on met trop de conditions, on va créer du non-recours", prévient Antoine Dulin. Afin de recruter des conseillers et d'agrandir les lieux d'accueil, des crédits devront être votés dans le cadre du projet de loi de finances pour 2021. "Il faudra des moyens supplémentaires pour avoir un accompagnement intensif et de qualité", prévient Stéphane Valli, président de l'Union nationale des missions locales. Le coût du REJ dépasserait les 2 milliards d'euros par an. Celui du décrochage d'un jeune, tout au long de sa vie, est évalué à 230.000 euros.
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