Alors que les 521 romans de la rentrée littéraire arrivent sur les tables des librairies, difficile de ne pas noter une tendance lourde : brisant la monotonie, de plus en plus de couvertures sont illustrées. La porte d’entrée de Confusion, le troisième tome de La Saga des Cazalet (La Table ronde), paru en mars et en bonne place au rayon des « meilleures ventes » de l’été, a été signée par un précuseur dans l’illustration des couvertures : Mathieu Persan. Il a d’ailleurs signé toutes celles de la série dynastique de la britannique Elizabeth Jane Howard (dont le tome 4, Nouveau Départ, sortira le 14 octobre), un succès comme en rêvent tous les éditeurs, avec 260 000 exemplaires vendus.
Depuis cinq ans, ce matheux de 42 ans est devenu la coqueluche du monde de l’édition. Sa renommée littéraire a irrigué jusqu’à la pop culture : il a signé une affiche pour l’album de Benjamin Biolay, Grand Prix. Il travaille aussi sur un projet de comédie musicale en série télé, produite par François Busnel. Il en a imaginé l’histoire (un employé qui comprend que son job ne sert à rien), la scénographie et le concept, à mi-chemin entre théâtre, cinéma et concert.
« J’ai souffert du matin au soir dans des jobs absurdes. » Mathieu Persan
Une success story qui avait pourtant mal commencé pour ce fils de profs de maths qui s’est un temps rêvé musicien mais s’est résigné à la vie de bureau. « J’ai souffert du matin au soir dans des jobs absurdes, raconte-t-il. J’ai d’abord fait des programmes de reporting sur des bases de données, puis de la gestion de risque opérationnel dans une banque. Du bullshit de A à Z. »
C’est à ses heures perdues, au travail, que le geek aux airs de garçon rangé, lunettes et visage ronds, yeux pétillants et sourire chaleureux qui dissimulent une nature anxieuse, imagine donc cette comédie musicale « très noire » sur l’absurdité du monde du travail. Parce qu’il adore l’Art déco et a avalé les filmographies complètes d’Humphrey Bogart et d’Audrey Hepburn, il situe son histoire dans le New York des années 1930. « C’était au moment des premiers iPad, et un ami m’a dit que je devrais en faire une histoire illustrée dont je composerais aussi la musique. »
En bon scientifique, Mathieu Persan se met alors à étudier la perspective et l’art des proportions, apprend à se servir des logiciels Photoshop et Illustrator grâce à des tutos sur Internet. Presque par hasard, concède-t-il, ses images rétro, sarcastiques et élégantes se retrouvent en « une » du magazine culturel Gonzaï, puis en couverture de quelques parutions des éditions Rue Fromentin.
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