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Bientôt la fin du mâle-être animal ?

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a inauguré mardi à Rennes le Salon international des productions animales. A moins de quatre mois de l’entrée en vigueur de l’interdiction du broyage des poussins et de la castration à vif des porcelets, la filière est à la traîne.
par Pauline Moullot, Envoyée spéciale à Rennes
publié le 14 septembre 2021 à 21h20

«Fin 2021, plus rien ne sera comme avant», avait promis Didier Guillaume, alors ministre de l’Agriculture, début 2020. Il annonçait deux réformes d’envergure pour le bien-être animal dans les élevages français : la fin du broyage des poussins mâles et de la castration à vif – sans anesthésie – des porcelets. Si ces promesses ont été réitérées par son successeur, Julien Denormandie, qui inaugurait ce mardi à Rennes le salon international des productions animales (Space), grand rassemblement annuel de toutes les professions liées à l’élevage, il semble désormais plus crédible de décaler la promesse de révolution à fin 2022.

Sur l’élimination des poussins, cela fait peu de doutes. Au 1er janvier, les entreprises d’accouvage devront simplement prouver qu’elles ont commandé les machines permettant de détecter le sexe du poussin avant son éclosion, et donc de l’éliminer avant sa naissance. Le temps que toutes les machines soient installées, et que les poules pondeuses issues de cette technologie couvent leurs premiers œufs, il faudra donc attendre encore plusieurs mois pour pouvoir acheter sans se poser de questions des œufs «qui n’ont pas tué de poussins». La question est plus technique sur la castration des porcelets.

«Demande de société»

A quelques heures de l’arrivée de «leur» ministre au salon, les éleveurs espéraient encore des annonces sur les modalités pratiques de ces deux réformes. Car, à moins de quatre mois de leur entrée en vigueur, les deux filières se disent loin d’être prêtes. Selon nos informations, de nombreuses tractations se sont déroulées entre la rue de Varenne et la profession ces dernières semaines. Les réunions ont même été «un peu musclées», a reconnu Julien Denormandie lors de son discours d’inauguration consacré justement au bien-être animal.

Dans ce salon consacré exclusivement aux professionnels, avec peu de paille, vaches ou cochons dans les allées, mais des prototypes grandeurs réelles de solution de traite ou d’alimentation, le ministre a surtout tenu à rassurer les agriculteurs. Vantant les mérites de la loi Egalim 2 pour une meilleure rémunération des agriculteurs, il a asséné à plusieurs reprises qu’il n’était pas question que ces réformes aient un impact sur «le compte de résultat des éleveurs». Et de rappeler que, si les filières ne contestent pas le bien-fondé de ces mesures, ces dernières visent avant tout à répondre à «une demande de société» : il n’y a donc pas de raison que le «consommateur» ne prenne pas sa part en assumant des produits plus coûteux.

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