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Les coiffeurs cherchent des bras pour reprendre les ciseaux

Les salons de coiffure estiment manquer de 15 à 20 % d'effectifs. Au-delà du problème de formation, la pandémie a poussé certains salariés à changer de métier ou à devenir free lance. Les horaires et le niveau de salaires freinent les candidatures.

Aujourd'hui, il manquerait de 15 à 20 % d'effectifs dans les salons de coiffure.
Aujourd'hui, il manquerait de 15 à 20 % d'effectifs dans les salons de coiffure. (Lewis Joly/SIPA)

Par Dominique Chapuis

Publié le 15 sept. 2021 à 11:30Mis à jour le 15 sept. 2021 à 12:34

La coiffure connaît une crise des vocations. Le secteur, qui compte plus de 86.000 entreprises, a besoin de bras pour réaliser brushing et autres boucles wavy. « Il manque de 15 à 20 % d'effectifs », estime le président de l'Union nationale des entreprises de coiffures (Unec), Christophe Doré.

Au-delà de la pandémie , ces difficultés trouvent leur origine dans la réforme de l'apprentissage en 2013. A l'époque, les aides à la formation pour les entreprises ont été réduites, ce qui a fait chuter le nombre d'apprentis. « Comme il faut plus de cinq ans pour former un bon coiffeur, on se retrouve aujourd'hui en manque », déplore le président de l'Unec.

De plus, un arrêté limitait le nombre d'apprentis par salon, afin d'éviter à certaines clientes de mauvais coups de ciseaux. Finalement, après un an de travail des partenaires sociaux, il a été abrogé fin août, permettant à une personne qualifiée d'encadrer deux futurs salariés. Mais, pour cette rentrée, il y a peu de candidats, surtout en région parisienne.

Plus de coiffeurs à domicile

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La crise sanitaire est venue amplifier ces besoins structurels. « Il y a beaucoup de turn-over, souligne Franck Provost, président du Conseil national des entreprises de coiffure, représentant des grandes chaînes. Certains coiffeurs refusent un CDI et préfèrent s'arrêter quelques mois, puis reprendre pour recharger leurs droits au chômage. » D'autres ont changé de métier. « Beaucoup ont aussi choisi la coiffure à domicile ou en free lance afin d'être plus libres », raconte Christophe Doré. Plus envie de travailler le samedi, parfois tard, pour une profession à 90 % féminine.

Le niveau des salaires peut également expliquer ce blocage des recrutements. Il faut compter en moyenne 1.350 euros net mensuels. Deux fois plus dans un grand salon. « Tout le monde est d'accord pour augmenter les salaires. La vie est difficile pour un jeune dans une grande ville. Mais à condition que les charges sociales baissent. Sinon, nos entreprises auront du mal à garder la tête hors de l'eau », estime Franck Provost. Et pas question de répercuter la hausse sur la clientèle, « car elle aussi à un pouvoir d'achat limité ».

Des rendez-vous refusés

En attendant, ce manque se traduit par une stagnation des chiffres d'affaires. Les coiffeurs refusent des rendez-vous, dans une période où le niveau d'activité n'est pas revenu à celui d'avant pandémie . Mais après un recul du marché de 15 % en 2020, les affaires repartent doucement, sauf pour les salons en centres commerciaux. « Nous sommes freinés par le peu d'événements familiaux, mariages ou baptêmes, qui font qu'on peut coiffer jusqu'à 150 personnes », regrette Christophe Doré. Le télétravail joue également sur la baisse de fréquentation. Fini les brushings pendant la pause déjeuner.

Reste que le métier peut toujours susciter de l'envie. « Le confinement a montré que les coiffeurs avaient un rôle essentiel, de lien social, de bien-être, souligne Franck Provost. C'est un métier où tout est possible, devenir patron, travailler dans le cinéma, voyager. Ce que j'ai fait, un jeune peut le refaire à condition d'être passionné. »

Dominique Chapuis

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