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#Anti2010 : inquiétude autour du harcèlement de jeunes collégiens

Depuis la rentrée scolaire, le mot-dièse #Anti2010, qui réunit sur les réseaux sociaux insultes, moqueries, voire menaces, cible les préadolescents nés en 2010.

Phénomène de masse ou lubie médiatique ? En réagissant jeudi soir au mot-dièse #Anti2010, qui met en scène sur les réseaux sociaux une violente campagne de dénigrement à l'encontre des nouveaux collégiens de sixième, le ministre de l'Éducation nationale semble opter pour la première option. «Il y a un mouvement qui monte et qui consiste à mal accueillir et à embêter les élèves nés en 2010. C'est complètement stupide et contraire à nos valeurs» a tranché Jean-Michel Blanquer dans une vidéo publiée sur Twitter, avant d'exhorter à la «fraternité» et à la «bienveillance». Dans la foulée, son ministère a envoyé aux chefs d'établissement un courrier les incitant à la «vigilance» et à «rappeler qu'un élève identifié comme harceleur est passible de sanction disciplinaire».

«Personne n'aime les 2010 !», «hors de ma vue les 2010»... Sur TikTok, Snapchat ou Instagram circulent effectivement de nombreuses attaques, parfois puériles à l'encontre de ces préadolescents. Certaines s'avèrent plus inquiétantes, appelant à les menacer ou les violenter. La raison ? Plusieurs références propres à cette génération sont brandies par les collégiens harceleurs. Ils reprochent aux plus jeunes leur comportement sur Fortnite, jeu vidéo très populaire, ou d'abuser des «pop-it», ces bulles de silicone colorées qui font fureur chez les moins de 12 ans.

«On a reçu plus d'une dizaine de signalements ces derniers jours, affirme au Figaro Hugo Martinez, fondateur de l'association HUGO!. Les camarades de classe des élèves visés s'inquiètent des paroles de haine qu'ils lisent ou entendent.» Et de déplorer : «C'est révélateur de notre société. On en vient à discriminer sur l'année de naissance. C'est grave!» La Fédération des Conseils de Parents d'Élèves s'est également alarmée dans un communiqué intitulé «les enfants de 2010 sont devenus une cible : la FCPE demande au gouvernement d'agir en urgence!»

Très peu de remontées

«On reçoit quelques messages de parents, mais c'est loin, très loin, d'être le phénomène de masse annoncé», tempère Laurent Boyer, président de l'association Les Papillons, qui combat les maltraitances infantiles. Même son de cloche du côté des professeurs. «On a eu aucune remontée», déplore Sophie Vénétitay, du syndicat SNES-FSU, qui n'a pas «attendu ce mouvement pour lutter contre le harcèlement». Une campagne également minimisée par le principal syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN). «Nous n'avons pas du tout constaté d'incidents de ce type, et aucun des 70 chefs d'établissement réunis en conférence nationale cette semaine n'en avait entendu parler», affirme Bruno Bobkiewicz, son secrétaire général. Rien non plus chez la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (Peep), qui compte des dizaines de milliers d'inscrits. «Les réseaux - que ne consultent pratiquement pas les sixièmes - sont une chose, mais quelles sont les conséquences dans le réel? Existe-t-il des chiffres sur lesquels s'appuie l'Éducation nationale?», nous interroge-t-on.

Contacté par Le Figaro, le ministère n'a pas réuni suffisamment de remontées pour établir des statistiques. Mais il a réussi à placer, en tendance sur les réseaux ce vendredi, le mot-dièse #BienvenueAux2010. «La vidéo du ministre et l'emballement médiatique pourraient brièvement amplifier le phénomène, mais cela permet de parler du harcèlement, qui touche chaque année des milliers d'élèves en France», analyse Samuel Comblez, de l'association e-Enfance. Une communication dont on peut se réjouir, à deux mois de la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école.

À VOIR AUSSI - Comment les réseaux sociaux attisent la haine entre bandes rivales

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367 commentaires
  • J.-F. P.

    le

    Déjà SUPPRIMÉE les Téléphone portable au moins de 16 ans ! et on vas pas avec un téléphone a l’École !

  • Mathieu Nancy

    le

    Les réseaux sociaux ne servent à rien si ce n'est à des frustrés de se défouler. Ou est le bouton 'arrêt définitif' ?

  • dominiqueD2B

    le

    Voilà deux jours que j’essaye de comprendre en quoi et sur quoi porte ce harcèlement, je ne le comprends pas. Tempête dans un verre d’eau…

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