Même si quelques précautions de langage sont encore de rigueur, la compagnie aérienne irlandaise à bas coût Ryanair se projette déjà fortement dans l’après-crise. « Nous voyons clairement le bout du tunnel », a déclaré, jeudi 16 septembre, Jason McGuinness, son directeur commercial. En témoigne l’ampleur de son programme pour la saison d’hiver 2021-2022 au départ de l’aéroport de Beauvais. Ce sont pas moins de dix nouvelles lignes qui seront ouvertes cet hiver, soit un total de cinquante-trois destinations desservies depuis sa plate-forme fétiche de l’Oise.
La low cost va accroître son réseau, en reliant notamment Agadir (Maroc) et Amman (Jordanie), ou encore Tallinn (Estonie) et Riga (Lettonie). « Ryanair reste déterminée à contribuer à la reprise de l’aviation et du tourisme en France, en restaurant la connectivité », a lancé M. McGuinness. Il s’agit « du plus important programme d’hiver jamais mis en place par Ryanair à Beauvais », a-t-il précisé. Il faut dire que la compagnie a les moyens de ses ambitions. En effet, elle disposera rapidement d’une flotte de plus de 600 appareils, avec l’entrée progressive de 210 Boeing 737 MAX, résultat d’une précédente commande passée au constructeur de Seattle (Etats-Unis). De surcroît, elle va intégrer une première fournée de 55 avions supplémentaires et ce, dès cet hiver.
Compagnie la plus rentable d’Europe, Ryanair est aussi le mastodonte du ciel du Vieux Continent. Pour preuve, s’est félicité Jason McGuiness, sur la seule journée du mercredi 15 septembre, « Ryanair a opéré plus de 2 500 vols, soit plus qu’Air France, Lufthansa et easyJet réunis ». La low cost profite à plein du redémarrage du transport aérien porté par la reprise du segment du court et moyen-courrier, alors que les compagnies régulières pâtissent toujours de la panne du long-courrier.
Au mois d’août, Ryanair a transporté plus de 11 millions de passagers. Une bonne performance, qui l’a incitée à réviser ses perspectives de croissance. Désormais, la compagnie prévoit de transporter 226 millions de passagers à l’horizon 2026, contre 200 millions auparavant. En vue d’accompagner ce futur afflux, elle souhaite également embaucher. Ainsi, 5 000 salariés devraient être recrutés au cours des cinq prochaines années, dont au moins 2 000 pilotes.
« Gros ajustements dans l’après-crise »
A terme, Ryanair entend porter sa flotte à plus de 800 appareils, grâce à une commande supplémentaire de 210 Boeing 737 MAX-10, le plus grand modèle du moyen-courrier américain. Pour l’heure, toutefois, « les négociations ont été stoppées », a expliqué M. McGuiness. La faute en échoit, selon lui, à « Boeing, qui a remis des prix très hauts ». Un mauvais coup pour la low cost irlandaise, qui a reconnu qu’une des composantes de son modèle économique était « les grosses commandes d’appareils qu’elle passe pour obtenir de gros rabais auprès de Boeing ». Cette époque est, semble-t-il, révolue. L’avionneur américain, fragilisé économiquement par les déboires de son 737 MAX liés à des accidents et par le coup d’arrêt consécutif à la pandémie de Covid-19, ne peut plus se permettre d’accorder des ristournes importantes.
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