EDUCATIONSatisfaction des familles, mixité sociale… Quel est le bilan d’Affelnet ?

Paris : Satisfaction des familles, mixité sociale… Quel est le bilan de la réforme d’Affelnet pour l’affectation au lycée ?

EDUCATIONCe mardi, les élèves parisiens de 3e ont découvert où ils seraient affectés en seconde. Et la donne a pas mal changé avec le nouvel Affelnet
Le lycée Charlemagne à Paris.
Le lycée Charlemagne à Paris.  - FRANCOIS GUILLOT / AFP / AFP
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Le système d’affectation au lycée à Paris, Affelnet, a été réformé.
  • Le rectorat de Paris a rendu public ce mardi son premier bilan de la réforme, qu’il juge positif. Mais certains parents sont vent debout sur Twitter et estiment que leur enfant a été défavorisé par le nouveau système.
  • 20 Minutes détaille tous les paramètres pour y voir clair.

Ce mardi est à marquer d’une pierre blanche pour les collégiens parisiens de 3e. Non seulement c’est le dernier jour des épreuves du brevet, mais c’est aussi celui où ils ont appris dans quel lycée ils seront affectés. Et cette année, les parents d’élèves et les chefs d’établissements sont encore plus attentifs à ces résultats, car Affelnet, la procédure d’affectation des élèves dans les lycées parisiens, a été réformée. Le rectorat a d’ailleurs dévoilé ce mardi un premier bilan de sa réforme. 20 Minutes l’analyse pour vous.

Y aura-t-il moins d’élèves non affectés cette année ?

Chaque année, des élèves se retrouvent sans lycée à la fin juin. L’an dernier, ils étaient 668. Cette année, 428. Mais cette fois, ils sont sûrs de trouver un établissement : il reste plus de places vacantes (488) que d’élèves en galère, alors que l’an dernier, il n’en restait qu’une centaine pour le deuxième tour d’Affelnet. Ces élèves devront néanmoins refaire des vœux sur Affelnet et attendre jusqu’au 8 juillet. Autre constat : ils auront davantage de choix cette année, car 9 lycées proposent encore des places : Colbert, Rabelais, Valéry, Bergson, Pierre-Gilles de Gennes, Fauré, Villon, Dubois, Claude Bernard.

« Sur l’efficacité de la procédure, nous avons réussi », se félicite Christophe Kerrero, le recteur de l’académie de Paris. Elise Lemaire, du collectif des parents du 5e arrondissement, est moins enthousiaste : « Le rectorat ne détaille pas combien de places il reste dans chacun de ces lycées. Il est fort à parier que la majorité d’entre elles sont vacantes dans les établissements les moins attractifs », souligne-t-elle. Par ailleurs, sur Twitter, plusieurs posts montrent que certains collèges ont concentré les difficultés, comme le collège Courteline. «Ma fille au collège Courteline à Paris 12 avec près de 17 de moyenne générale n’a aucune affectation au lycée ! Elle a travaillé dur pour rien ! Quelle honte !», s’indigne une mère.

Davantage d’élèves ont-ils eu leur premier choix ?

Oui, plus de 60 % des élèves de tous cursus (seconde générale ou technologique) sont affectés sur leur premier vœu, contre 57,1 % l’an dernier. Mais les résultats sont moins bons si on regarde l’affectation des élèves en seconde générale, car ils sont 54,9 % à avoir obtenu leur premier vœu, contre 49 % en 2020.

Et 84,1 % des élèves de tous cursus ont obtenu un de leurs trois premiers vœux, contre 80,4 % l’an dernier. Ce chiffre est aussi moins bon pour les élèves ayant demandé une seconde générale, puisqu’ils sont 81, 5 % à avoir obtenu un de leurs trois premiers vœux, contre 77,2 % l’an dernier. « Le rectorat estime que le taux de satisfaction progresse, mais si une famille obtient son troisième vœu, on peut imaginer qu’il s’agit d’un établissement moyen qui était situé dans son secteur et qu’elle ne sera donc pas satisfaite », commente Elise Lemaire.

Autre constat : à en croire les nombreux tweets publiés depuis mardi soir, plusieurs élèves de certains collèges (Courteline dans le 12 eme, Béranger dans le 3 eme…) n’ont pas obtenu leurs premiers voeux et ont écopé d’un de leurs derniers. Voilà notre hypothèse : un bonus (dit bonus IPS) a été accordé en fonction du profil social de son collège. Si l’établissement était favorisé, les élèves n’ont pas eu ce bonus, ce qui a fragilisé leur candidature. Et si ces mêmes élèves n’ont demandé que des lycées très attractifs, ils ont été pénalisés.

La mixité sociale s’améliore-t-elle ?

Oui, dans les lycées socialement les plus favorisés, le taux de boursiers se renforce. Notamment à Carnot, Buffon, Chaptal, Charlemagne, Condorcet, Boucher, Janson, Montaigne, Racine, Sophie Germain, Victor Hugo et au lycée Duruy. « On assiste aussi à un rééquilibrage des boursiers par établissement. Le taux de boursiers augmente dans les lycées très favorisés et diminue dans ceux qui ne le sont pas, comme Bergson, Rabelais ou Quinet », indique Christophe Kerrero. Ce qui signifierait que les élèves ont eu moins tendance à s’autocensurer.

Le fait que les élèves aient eu 5 lycées de secteur au choix a joué, car les familles ont du coup privilégié l’un d’eux, y compris lorsque l’établissement possédait un profil social moins favorisé. « Certains lycées qui n’étaient pas du tout dans le radar des familles le sont devenus », assure le recteur. Les lycées traditionnellement évités par les familles attirent aussi davantage de bons élèves cette année, selon Claire Mazeron, directrice académique chargée des lycées, qui cite l’exemple de Voltaire : « L’enjeu était d’y faire entrer des têtes de classes, et nous y arrivons. Car l’an dernier, seulement 7 élèves avaient plus de 15 de moyenne. Cette année, ils sont 52. Ce qui signifie qu’il y aura 4 ou 5 très bons élèves par classe. C’est intéressant pour relancer la dynamique ».

Les élèves de niveau moyen s’en sont-ils mieux tirés ?

A priori, oui, car la réforme a fait baisser la pression à l’entrée des lycées attractifs. « Nous avons plus d’élèves ayant 12 ou 13 de moyenne dans des lycées très attractifs », souligne le recteur de Paris. Des lycées comme Chaptal, Charlemagne, Sophie Germain, Racine, Monet, Fénelon, Boucher, La Fontaine, Lavoisier, ou Montaigne accueilleront davantage d’élèves de niveau intermédiaire. Exemple avec le prestigieux lycée Charlemagne : en 2020, il accueillait 95 % d’élèves avec 15 de moyenne ou plus. Cette année, ils sont 75 %. « Mais, les 25 % restants ont entre 12 et 14 de moyenne, la mixité scolaire est donc toute relative », souligne Elise Lemaire.

Les élèves ont-ils été « assignés à résidence » ?

Des associations de parents d’élèves craignaient que le système de sectorisation ne permette pas à un élève de quitter son quartier. Mais selon le recteur, « il n’y a pas eu d’assignation à résidence, puisque 31 lycées sur 44 ont offert 717 places en secteur 2 ou secteur 3 [donc en dehors du secteur 1 de l’élève] », indique-t-il.

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Quelles seront les conséquences de cette nouvelle donne dans les lycées ?

Les établissements vont recevoir des publics moins homogènes, ce qui va pousser les enseignants à adapter leurs exigences. « Dans les lycées qui connaissent des évolutions fortes, nous allons soutenir les pratiques des professeurs pour qu’ils puissent mettre en place toutes les stratégies d’accompagnement des élèves de niveau plus bas », promet Christophe Kerrero. Outre le tutorat et l’accompagnement personnalisé proposé aux élèves, les lycées pourront avoir recours aux heures supplémentaires pour mettre en place des groupes de niveau. « Lorsque le profil des élèves est défavorisé, nous attribuons une dotation horaire plus importante à l’établissement », explique Claire Mazeron.

D’autre part, comme le souligne Elise Lemaire, « tout l’enjeu est de garder les élèves en 1re. Or, beaucoup de très bons lycées se débarrassent des moins bons en fin de seconde ». D’autant que certains établissements parisiens n’ont pas assez de classes de 1re pour tous les élèves de seconde.

Pour éviter cette « seconde sélection », « on a demandé aux lycées de garder tous leurs boursiers en 1re », répond Claire Mazeron. Et pour les autres, « on va garantir aux élèves une inscription dans un lycée de même profil », poursuit-elle. Cette nouvelle composition des lycées pourrait aussi avoir une incidence sur la notation des élèves, qui pourrait être revue à la hausse ou à la baisse par les enseignants en fonction du niveau de leurs élèves.

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