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Interview

Amélie de Montchalin : « Le 1er octobre, aucun fonctionnaire ne se retrouvera en dessous du SMIC »

La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques lance ce mardi matin avec les syndicats et les employeurs publics les travaux de la conférence sur les salaires et les carrières des fonctionnaires. Elle va leur annoncer que le gouvernement a décidé d'augmenter dès le 1 octobre les agents les moins bien payés via une revalorisation de la grille salariale.

Amélie de Montchalin
Amélie de Montchalin (JOEL SAGET/AFP)

Par Leïla de Comarmond

Publié le 20 sept. 2021 à 18:20Mis à jour le 21 sept. 2021 à 09:23

Vous avez annoncé en juillet des mesures de revalorisation des grilles des fonctionnaires de catégorie C, les moins bien payés, pour le 1er janvier et les voici déjà rendues caduques par l'augmentation du SMIC. Que comptez-vous faire ?

Ma priorité dans cette rentrée comme celle des autres membres du gouvernement est de protéger les plus bas salaires face à la hausse des prix. J'annoncerai ce mardi aux syndicats à l'occasion de la conférence sur les perspectives salariales que, comme nous l'avions fait après la revalorisation du SMIC du 1er janvier 2021, nous répercutons cette nouvelle hausse sur les salaires au niveau du SMIC ou juste au-dessus. Plus aucun fonctionnaire ne sera en dessous du SMIC de fait. Concrètement, un agent de catégorie C en tout début de grille touchera au 1er octobre 37 euros de plus par mois. Contrairement au secteur privé, la loi ne nous l'imposait pas.

Concrètement, un agent de catégorie C en tout début de grille touchera au 1er octobre 37 euros de plus par mois. Contrairement au secteur privé, la loi ne nous l'imposait pas.

Les mesures très fortes que j'ai annoncées en juillet avec application dès le 1er janvier 2022 et qui vont bénéficier à 1,2 million d'agents consistent en deux choses : relever le pied de la grille salariale de la fonction publique pour tenir compte de l'inflation et redessiner les grilles pour qu'elles soient plus lisibles et permettent de réelles progressions de carrière. Ces mesures sont toujours valides. Nous aurions pu nous contenter du versement à tous les agents touchés par la hausse du SMIC d'une indemnité différentielle et de renvoyer à plus tard le règlement structurel de la question. Nous ne le ferons pas.

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La revalorisation du salaire minimum qui va intervenir le 1er octobre 2021 va concrètement nous conduire à une hausse du bas de la grille à la fois plus précoce et plus importante. Et nous appliquerons comme prévu en janvier la nouvelle grille que j'ai annoncée en intégrant cette évolution. Le mouvement d'accélération des carrières partira de plus haut. C'est ce que j'annoncerai ce mardi lors du lancement de la conférence sur les perspectives salariales et les carrières.

Quel est l'objectif de cette conférence dont vous aviez annoncé le principe en juillet ?

On ne va pas lever le crayon au motif que l'échéance présidentielle se rapproche. En ouvrant ce dialogue social inédit, nous allons commencer d'ici à février par dresser un bilan des mesures prises depuis quatre ans et nous travaillerons à établir avec les syndicats et les employeurs publics un diagnostic commun du système actuel de rémunération des fonctionnaires. De manière générale, on voit bien qu'il est à bout de souffle, illisible, pas suffisamment attractif et somme toute parfois assez démotivant. Il doit à terme être réformé pour contribuer à rendre l'Etat plus efficace et moderniser durablement la fonction publique.

Il faut qu'on parle compétences, carrière, mobilité, équité de rémunération entre les métiers et les filières, attractivité, formation, égalité femme-homme. Je vais charger l'ancien directeur général de l'administration et de la fonction publique, Paul Pény, et l'ancien syndicaliste, Jean-Dominique Simonpoli, de conduire cette réflexion et de faire des propositions sur la politique de rémunération de notre fonction publique.

Le dernier projet de budget du quinquennat doit être présenté ce mercredi. En 2017, Emmanuel Macron s'était engagé à baisser les effectifs. La promesse ne sera pas tenue…

La France de 2021 n'est plus celle de 2017. Avec la pandémie, avec la relance, elle a changé. Nous assumons tout à fait cette évolution : stabiliser les effectifs , refuser de faire de coupes claires aveugles. Pour nous, cela répond à une exigence d'efficacité de l'Etat : tout en stabilisant l'emploi public au global, nous réallouons nos moyens vers les priorités du pays en réaffectant massivement les effectifs de fonctionnaires sur le terrain, au plus proche des Français.

Il faut qu'on parle compétences, carrière, mobilité, équité de rémunération entre les métiers et les filières, attractivité, formation, égalité femme-homme.

Je note que malgré les bouleversements de ces derniers mois, d'autres n'ont, eux, toujours pas changé de logiciel. Je pense par exemple à la « hache » que voudrait employer Valérie Pécresse pour couper dans la fonction publique. Quant à sa prise de conscience de la nécessité de préserver les services de l'Etat présents sur le terrain, elle apparaît bien tardive. Quand elle était aux manettes de la RGPP, elle a opéré des coupes claires qui les ont durement affaiblis. Elle affirme maintenant vouloir concentrer ses projets de suppressions de postes sur ce qu'elle appelle vaguement l'administration « administrante ». Cela manque de vision de l'Etat.

Leïla de Comarmond

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