Y a-t-il un lien entre interdiction du voile à l’école et émancipation des jeunes musulmanes ? Un économiste et sociologue s’est penché sur la question et selon lui, le résultat est sans appel : depuis la circulaire Bayrou de 1994 interdisant les «signes ostentatoires» à l’intérieur d’un établissement public, suivie de sa pérennisation dans la loi de 2004, le niveau scolaire de ces dernières a significativement progressé, estime Eric Maurin dans son livre Trois Leçons sur l’école républicaine (éd. Seuil), qui vient de paraître (l’ouvrage aborde également deux autres thématiques : l’inspection des enseignants et les biais élitistes de l’école républicaine).
Pour en arriver là, le professeur à l’Ecole d’économie de Paris s’est appuyé sur l’enquête Trajectoires et Origines (TeO), coconduite par l’Institut national d’études démographiques (Ined) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ainsi que l’enquête Emploi annuelle de l’Insee. Il a comparé l’évolution de la scolarité des filles et des garçons de famille musulmanes et non musulmanes, avant et après 1994, et avant et après 2004. Il en ressort une nette amélioration des résultats scolaires – basée sur l’obtention d’un diplôme de niveau baccalauréat ou plus – pour les femmes identifiées comme musulmanes [1] et nées à partir des années